Après la mise en garde, la semaine passée, du consul général de France à Alger contre le dépôt dossiers contenant des documents falsifiés dans le cadre d'une demande de visa, le consulat général aurait déposé une plainte en référé contre certains ressortissants algériens pour faux et usage de faux, selon le quotidien arabophone Ennahar.
Selon le média, suite à des soupçons de falsification, le consulat général de France a enquêté sur ces dossiers contenant des attestations de travail et des fiches de paie émanant d'une même société dont le siège se trouve à Alger. Contactée par le consulat général de France, la direction de la société a affirmé que les documents étaient des faux dont les titulaires présumés n'étaient pas employés par la société. Ainsi, le consulat général de France aurait décidé de déposer une plainte en référé contre les titulaires de ces dossiers, rapporte le quotidien.
En effet, selon le journal, un homme âgé de 30 ans a été présenté lundi 28 janvier au juge d'instruction du tribunal de Bir Mourad Raïs, dans la banlieue d'Alger. Le prévenu a reconnu avoir payé 40.000 DA (environ 300 euros) à une personne inconnue pour qu'elle lui obtienne un dossier d'émigration. Cependant, il a nié toute implication dans la falsification des documents administratifs qui ont été présentés dans son dossier de demande de visa, selon la même source.
Pour Ennahar, le témoignage de cet homme devant le juge laisse supposer l'existence d'un vaste réseau de trafic de documents à Alger.
Le nombre de visas délivrés aux Algériens au cours de l'année 2018 a baissé d'environ 30% par rapport à 2017, selon les statistiques publiées par le ministère français de l'Intérieur. Réagissant aux commentaires parus dans la presse algérienne suite à la publication de ce rapport du ministère, Marc Sedille, le consul général de France à Alger, a expliqué dans un entretien accordé au site d'information Tout Sur l'Algérie (TSA) les raisons de cette baisse. Selon lui, deux raisons sont à l'origine de la baisse du nombre de visas délivrés aux ressortissants algériens.
La première est d'ordre logistique. Elle tient au fait du changement du prestataire, en passant de TLS à VFS, durant les premiers mois de l'année 2018, et à l'arrivée, de la plateforme gouvernementale France-visas.
En plus du renforcement du contrôle aux frontières à cause de la crise migratoire, M.Sedille a souligné que «s'il y a des taux de refus aussi élevés, c'est aussi parce qu'il y a de mauvaises pratiques, qu'on peut corriger».
À titres d'exemples, le diplomate a dénoncé deux pratiques. Il y a d'abord «les dossiers incomplets ou les dossiers qui contiennent des pièces qui ne sont pas fiables», a déclaré le responsable en citant les faux bulletins de salaire ou les fausses attestations d'assurance sociale. La seconde, selon lui, est le «détournement» de l'objet initial du visa pour, par exemple, effectuer des soins dans les hôpitaux français sans régler la facture de la prestation. À ce titre, Marc Sedille a indiqué que la dette cumulée dans les hôpitaux de la région parisienne par les ressortissants algériens s'élevait à 25 millions d'euros.