L'intention annoncée par Donald Trump de créer une défense antimissile plus agressive que les précédentes et de la déployer dans l'espace ressemble bien à une tentative pour tirer du budget de la défense davantage de moyens pour mettre au point des armes permettant d'abattre des missiles depuis l'espace, a déclaré à Sputnik le journaliste américain Wayne Madsen, spécialiste du renseignement et des problèmes internationaux.
«Quoi qu'il en soit, il lui sera difficile de s'assurer le soutien de la Chambre des représentants qui est à présent contrôlée par les Démocrates, tout cela faisant penser au retrait des États-Unis d'un accord international de plus, notamment du Traité de l'espace de 1967 qui interdit formellement l'utilisation militaire de l'espace. […] Je pense que les Démocrates pourraient dire: "C'est assez! Nous n'entendons pas financer ce programme Guerre des étoiles-2"», a estimé l'interlocuteur de l'agence.
Évoquant les prétendues menaces émanant de la Corée du Nord et de l'Iran, invoquées par Washington pour argumenter la nécessité de déployer sa défense antimissile dans l'espace, l'expert a déclaré que ce n'était tout simplement pas sérieux.
«Parlant de la mise en place d'un tel système, ils [les Américains, ndlr] pensent à la Russie et à la Chine et non à l'Iran et à la Corée du Nord qui n'ont même pas de vecteurs intercontinentaux d'armes nucléaires qui puissent représenter une menace pour les États-Unis», a-t-il expliqué.
Et d'ajouter que l'élaboration d'une défense antimissile dans l'espace demanderait de très longues années.
«Je pense cependant que le chef adjoint du Pentagone Patrick Shanahan qui assure à présent l'intérim du secrétaire américain à la Défense et qui a autrefois travaillé à Lockheed Martin permettra sans doute à ses amis du complexe militaro-industriel d'en tirer profit. Ce n'est certes pas par hasard que Lockheed Martin figure parmi les sous-traitants participant au programme de mise au point d'une défense antimissile dans l'espace», a résumé l'interlocuteur de Sputnik.
Le Pentagone a publié jeudi son troisième rapport sur la politique de la défense antiaérienne nationale depuis 1999. En le présentant, le Président américain a annoncé qu'il ouvrait une «nouvelle ère» dans le domaine de l'ABM. Le vice-ministre américain de la Défense, Michael Griffin, a pour sa part fait savoir que le Département militaire réviserait la possibilité de systèmes d'interception de missiles dans l'espace et que des systèmes d'interception de missiles balistiques en toute phase de trajectoire seront développés.
La diplomatie russe a réagi vendredi, soulignant que le rapport en question ouvrait de fait la porte au déploiement de moyens d'attaque dans l'espace.