Le directeur de cabinet d'Emmanuel Macron, Patrick Strzoda, s'est prononcé mercredi devant la commission des lois du Sénat sur l'utilisation par Alexandre Benalla de ses passeports diplomatiques qui fait toujours polémique. La commission des lois du Sénat s'est vu attribuer les prérogatives de commission d'enquête pour six mois le 23 juillet dernier, soit jusqu'au 24 janvier.
Passeports utilisés «presque une vingtaine de fois»
L'ancien conseiller du Président de la République avait utilisé ses passeports diplomatiques une vingtaine de fois depuis qu'il avait quitté ses fonctions, a affirmé Patrick Strzoda, auditionné pour la seconde fois par la commission, précisant que la première utilisation de ces documents remontait au 7 août:
«M.Benalla a utilisé presque une vingtaine de fois ses passeports entre le 1er août 2018 et le 31 décembre 2018».
«On est confronté à un comportement fautif d'un individu qui a peut-être profité de failles du système», a-t-il encore signalé.
Passeports de service: l'Élysée soupçonne une «falsification», la justice saisie
M.Strzoda a également souligné que M.Benalla avait été en possession de deux passeports de service, le premier délivré en 2016 «bien avant» son arrivée à l'Élysée, le deuxième le 28 juin 2018.
Pour obtenir un passeport de service, «M.Benalla a adressé au ministère de l'Intérieur une note dactylographiée à en-tête du chef de cabinet, une note non signée de façon manuscrite», a pointé Patrick Strzoda, en ajoutant qu'il «soupçonnait une falsification». «Nous avons signalé ce fait au procureur de la République».
«A ce moment là, j'ai considéré que le problème était réglé puisque les passeports, d'une part, étaient invalidés depuis le 30 juillet, et ensuite toutes les démarches avaient été faites pour obtenir leur restitution», a poursuivi M.Strzoda. «Et, récemment, au vu de l'enquête préliminaire ouverte par le procureur de la République (le 29 décembre, ndlr), c'est sur la base d'abus de confiance et d'utilisation frauduleuse des titres que j'ai souhaité qu'on verse cet élément supplémentaire au dossier».
«Parce qu'on est confronté à un monsieur qui visiblement utilise régulièrement des faux pour obtenir un certain nombre de titres officiels».
Téléphone sécurisé
En même temps, Patrick Strzoda a reconnu «des dysfonctionnements ou des manques de réactivité» concernant un téléphone sécurisé dont Alexandre Benalla est resté en possession après son licenciement.
Le Teorem «est un combiné téléphonique qui permet des échanges de conversations chiffrées donc sécurisées», mais il «n'est pas classé secret défense», a indiqué le directeur du cabinet.
Les médias ont récemment révélé que l'ancien collaborateur disposait toujours de passeports diplomatiques et effectuait des voyages d'affaires auprès de dirigeants africains. Or, le 19 septembre dernier, l'ex-conseiller avait affirmé devant la commission d'enquête du Sénat avoir laissé ces documents dans son bureau de l'Élysée.
Ces informations ont suscité une nouvelle controverse autour des relations qu'Alexandre Benalla aurait pu maintenir avec la présidence française après son licenciement.