Moscou évincera-t-il Paris du marché du blé algérien?

L’Algérie songe à augmenter ses importations de blé russe, ce qui menacerait les intérêts de la France, jusqu’ici principal exportateur de céréales vers ce pays, note un média émirati.
Sputnik

L'Office algérien interprofessionnel des céréales a annoncé que l'Algérie achèterait 550.000 tonnes de blé de minoterie. Il s'agit du plus grand appel d'offres en Europe pour l'Algérie, note le média émirati Al Ain.

Blé russe pour l'Algérie: la France préparerait sa réponse
En octobre dernier, Alger a déclaré son intention d'importer du blé de Russie. Le même mois, une délégation algérienne est venue à Moscou pour examiner les possibilités d'importation de blé russe et pour obtenir des échantillons de blé afin de les soumette à une analyse. La Russie a envoyé à Alger un échantillon de 40 tonnes avant la conclusion de l'accord entre les deux parties.

Les médias russes ont rapporté que les négociations entre l'Algérie et Moscou en étaient «à la dernière étape» en ce qui concernait l'acquisition de blé russe, mais n'ont pas révélé les quantités que l'Algérie pourrait importer.

Celle-ci est devenue le deuxième importateur de blé argentin en 2018 et en a importé plus de 900.000 tonnes pour une valeur totale de 160 millions de dollars. L'Argentine fera concurrence à la Russie sur le marché algérien, ce qui réduira la part de la France. En effet, l'Algérie reste le premier importateur de blé français, assurant la moitié des exportations de Paris en dehors de l'UE à hauteur de 4,3 millions de tonnes de blé en 2017 et 2018, selon les chiffres officiels français.

Alger lève le voile sur les négociations avec la Russie relatives à l’importation de blé
Depuis l'indépendance de l'Algérie en 1962, la France est restée le seul acteur sur le marché du blé algérien, selon les économistes. Mais le fait que l'Algérie cherche à instaurer un marché plus compétitif a soulevé les préoccupations de la France. Des responsables du ministère algérien de l'Agriculture ont en effet déclaré que «l'Algérie a le droit de rechercher un marché plus compétitif» pour ne pas devenir prisonnier d'un seul fournisseur.

Selon des médias français cités par Al Ain, Paris avait pris au sérieux la menace de l'Algérie de réduire ses importations de blé français et a annoncé une visite dans le pays du ministre français du Commerce, prévue pour le premier trimestre 2019.

Selon un rapport publié par le Département de l'Agriculture des États-Unis en août 2018, l'Algérie a maintenu sa position parmi les plus gros importateurs de blé du monde, notant que ses importations moyennes pour les périodes de 2018 et 2019 ont légèrement diminué (de 7,2 millions de tonnes). Les importations céréalières totales de l'Algérie, en particulier le blé tendre et le maïs, sont estimées entre 12 et 13 millions de tonnes par an.

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