Droits des francophones au Canada: «il y a encore beaucoup d'incertitude»

Plusieurs services et structures publics francophones en Ontario, au Canada, ont été menacés fin 2018. D'un bout à l'autre du pays, on y a vu une grave atteinte aux droits des francophones. Quelles sont maintenant leurs attentes pour 2019? Sputnik en a parlé avec Carol Jolin, le président de l'Assemblée de la francophonie de l'Ontario.
Sputnik

Les francophones de l'Ontario, au Canada, ont vécu des moments difficiles à la fin de l'année 2018. Depuis la crise autour de la fermeture de l'Hôpital Montfort, en 1997, aucune mobilisation franco-canadienne n'avait reçu autant d'appuis. Montfort est un hôpital francophone en Ontario, dont la fermeture avait été annulée suite aux pressions des Franco-Ontariens. Le mouvement SOS Montfort fait maintenant partie de l'histoire.

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En 2018, le Premier ministre conservateur de l'Ontario, Doug Ford, a fait revivre l'épisode de Montfort. Il a annoncé qu'il mettait fin au projet d'université de l'Ontario français. Le même jour, il annonçait que le Commissariat aux services en français serait supprimé. Une annonce qui a soulevé l'indignation chez les francophones dans l'ensemble du pays, à tel point que M. Ford a été forcé de revenir en partie sur sa décision. Ce commissariat ne sera pas aboli, mais perdra beaucoup d'autonomie, en étant fusionné à un autre organisme. Le Premier ministre a aussi instauré un ministère des Affaires francophones.

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Pour le président de l'Assemblée de la francophonie de l'Ontario, Carol Jolin, ce petit recul du Premier ministre Ford est loin d'être suffisant. M. Jolin veut obtenir l'assurance que le projet d'université en français verra bel et bien le jour, ce que M. Ford avait promis avant d'être élu. Une rencontre est prévue entre le Premier ministre ontarien et le Premier ministre fédéral, Justin Trudeau, pour tenter de trouver une solution à l'impasse. M. Ford invoque toujours un nécessaire équilibre budgétaire pour justifier son choix. Si le gouvernement fédéral décidait d'assumer certaines sommes, le projet pourrait être débloqué.

​Malgré que les tensions se soient apaisées durant la période des Fêtes, Carol Jolin ne tient rien pour acquis pour les prochains mois.

«Pour ce qui est de 2019, il y a encore beaucoup d'incertitude, il y a une certaine appréhension, parce que ce n'est pas la première fois qu'il y a ce genre de coupures affectant les francophones», a affirmé M. Jolin au micro de Sputnik.

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«Il y a encore une certaine inquiétude dans la communauté», estime Carol Jolin, mais les Franco-Ontariens semblent plus déterminés que jamais à défendre leurs droits. M. Jolin ne craint pas seulement pour les droits des francophones de l'Ontario, mais aussi pour ceux du Manitoba et du Nouveau-Brunswick. Ce sont deux autres provinces dont les gouvernements seraient susceptibles de faire des coupures similaires.

«Les gouvernements savent que nous sommes prêts à réagir, ça, c'est certain. Le message a été envoyé très fort. Le 1er décembre dernier a eu lieu le plus gros rassemblement [de la communauté franco-ontarienne, ndlr] depuis Montfort», a souligné M. Jolin en entrevue.

​Les Franco-Ontariens ne pourront toutefois pas se contenter de revendiquer leurs droits sur la place publique. Ils devront aussi faire preuve de stratégie. Dans cette optique, une agente de liaison franco-ontarienne a été engagée au bureau du Premier ministre Ford. M. Jolin et son équipe espèrent que cette agente de liaison réussira à faire valoir le point de vue de sa communauté auprès du gouvernement conservateur. Ce qui n'est pas gagné d'avance.

Une stratégie mise en œuvre

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Carol Jolin se dit toutefois heureux de constater que le mouvement franco-ontarien reçoit autant d'appuis provenant du Québec, seule province majoritairement francophone. En novembre 2018, le Premier ministre du Québec, François Legault, avait d'ailleurs rencontré son homologue ontarien pour discuter de différents enjeux. Il avait profité de sa rencontre pour évoquer l'importance de protéger les droits des Franco-Ontariens. Une prise de position qui a été appréciée par les francophones non québécois.
En conférence de presse, François Legault avait même affirmé qu'il n'avait pas aimé «que l'on compare les francophones avec les Chinois ou les autres cultures», ce qu'avait fait M. Ford en relativisant l'importance du fait français au Canada.
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«Nos amis du Québec se sont intéressés à la cause, eux aussi ont un travail important à faire pour protéger la langue française […] Ça a été agréable de voir comment les gens du Québec nous ont appuyés. Les médias québécois ont couvert les événements. J'ai donné nombre d'entrevues au Québec, à tel point que c'est devenu un sujet de discussion au Québec», a souligné le président de l'Assemblée de la francophonie de l'Ontario.

2019 sera-t-elle une bonne ou une mauvaise année pour les francophones du Canada? Seul l'avenir nous le dira.

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