«La démocratie creuse sa tombe en Occident, parce que les valeurs de ce genre de parti vont à l'encontre de celles des démocraties», a affirmé à Sputnik l'essayiste Waleed al-Husseini, auteur de deux best-sellers sur la question de l'islam.
Le parti qu'évoque Waleed al-Husseini, c'est le Parti islamique de l'Ontario (Islamic Party of Ontario), le premier du genre au Canada. Plusieurs associations musulmanes existent depuis longtemps au pays de l'érable, mais aucun parti musulman n'avait encore été créé. Après la Belgique et les Pays-Bas, le Canada se met de la partie.
Faut-il pourtant crier au loup? Si le Parti islamique de l'Ontario figure maintenant dans la liste de noms réservés de partis sur le site d'Élections Ontario, ce parti provincial n'est pas encore officiellement enregistré, mais il pourrait le devenir si ses représentants décident de poursuivre le processus.
Le Parti islamique de l'Ontario possède déjà un site Internet sur lequel est affiché son programme. Une plate-forme qui ne surprend pas du tout Waleed al-Husseini, pour qui «ce sont toujours environ les mêmes références que l'on retrouve d'un parti islamique à l'autre». On peut y lire que le Canada est fondé sur «des principes qui reconnaissent la suprématie de Dieu et la primauté droit», ce qui est effectivement le cas en regard de la Constitution. Le parti veut toutefois faire respecter davantage ces principes en faisant activement la promotion de l'islam. On peut aussi y lire que «l'islam est la religion de l'Ontario et du Canada» et que l'économie et l'éducation doivent être conformes à ses valeurs. De quoi fait réagir.
«Le Parti islamique de l'Ontario croit en la suprématie de Dieu et comprend que le respect de notre Constitution consiste à faire en sorte que toutes les lois des provinces et du gouvernement fédéral soient conformes à la volonté de Dieu», peut-on également lire sur le site Internet du parti islamique.
Tarek Fatah affirme que le fondateur du parti l'a déjà indirectement menacé de mort en remettant en question sa foi musulmane. De son nom Jawed Anwar, cet homme prêcherait à Toronto et serait reconnu pour ses positions assez radicales. «Une telle allégation équivaut à me déclarer apostat, ce qui oblige les autres musulmans à me tuer et à se garantir une place au paradis», écrit Tarek Fatah dans son texte du 1er janvier 2019.
M.Fatah est catégorique: il estime que le nouveau parti vise à faire appliquer la charia en Ontario, c'est-à-dire les règles du droit islamique.
Vives réactions sur les réseaux sociaux
Le chef du Parti populaire du Canada, Maxime Bernier, a aussi dénoncé la création de ce parti, y voyant le signe des excès du multiculturalisme. En août 2018, Maxime Bernier avait décidé de fonder sa propre formation après avoir remis en question cette idéologie.
Les chroniqueurs Spencer Fernando et Candice Malcolm ont aussi dénoncé ce qu'ils perçoivent comme une menace pour l'unité canadienne. De même que Faith Goldy, une personnalité conservatrice qui a participé, il y a quelques mois, à la course à la mairie de Toronto. Mme Goldy n'avait pas été élue.
Comme Tarek Fatah, Waleed al-Husseini croit que ce parti vise à instaurer la charia en Ontario, même si ses chances de remporter une élection demeurent très faibles. D'ailleurs, en Ontario, des militants musulmans avaient déjà milité en faveur de l'application de la charia pour trancher des litiges matrimoniaux. Ce que n'a pas manqué de rappeler notre interlocuteur. En 2005, le Premier ministre ontarien, Dalton McGuinty, renonçait officiellement à ce que sa province devienne le premier État occidental à autoriser le recours à la charia dans le domaine du droit matrimonial.