Coup de filet du «FBI marocain» après le meurtre terroriste de deux Scandinaves

Le nombre total des suspects arrêtés dans le cadre du meurtre terroriste de deux touristes scandinaves, passe désormais à 13, alors que «des substances pouvant être utilisées dans la fabrication d’explosifs» ont notamment été perquisitionnées.
Sputnik

Le Bureau central d'investigations judiciaires (BCIJ) du Maroc a arrêté, les 20 et 21 décembre, neuf individus pour leur lien présumé avec le récent meurtre terroriste de deux touristes scandinaves au Sud de Marrakech, a informé vendredi ce service de sûreté marocain.

Deux Scandinaves tuées au Maroc: tous les suspects arrêtés, une vidéo publiée sur le Net
Des armes, des gadgets électroniques, ainsi que «des substances suspectes pouvant être utilisées dans la fabrication d'explosifs», ont pu être perquisitionnés à cette occasion, a informé un communiqué du BCIJ, publié vendredi 21 décembre.

Les arrestations qui ont eu lieu dans 5 villes différentes du Maroc se rajoutent à quatre autres, effectuées dans les 72 heures suivant le crime, et qui ont permis de mettre la main sur quatre principaux suspects.

La piste terroriste avait été très tôt évoquée par les autorités marocaines, qui procèdent toujours à l'authentification d'une vidéo mettant en scène l'allégeance des quatre principaux suspects au chef du groupe terroriste Daech*, Abou Bakr Al-Baghdadi.

Une vidéo de deux minutes avait été diffusée par le compte Twitter Wikidawla, présumé lié aux réseaux terroristes islamistes et suspendu depuis. On y voit quatre hommes, coiffés de calottes, drapeau du groupe terroriste en arrière-plan, promettre d'accomplir une action «douloureuse» contre le Maroc.

L'action qu'ils entendaient mener était en «soutien» à leurs «frères dans toute la Terre, et particulièrement à Hajin», en Syrie, où les terroristes ont récemment subi les frappes de la coalition internationale, dont fait partie le Maroc.

«Réduit à néant, Daech* a changé de stratégie en privilégiant et recommandant les opérations individuelles, de moindre envergure, aux confrontations directes, dont il n'a plus les moyens. Cela passe par la réactivation de cellules dormantes ou par des initiatives individuelles sans lien matériel avec l'organisation terroriste. Dans le cas d'espèce, on n'a qu'une vidéo où les terroristes prêtent allégeance, et une autre où ils filment une partie de leur crime», analyse pour Sputnik Achraf Tribak, directeur du Centre de recherche Hespress à Rabat.

Dans une première vidéo d'une rare violence, relayée sur les réseaux sociaux et authentifiée depuis par les services de renseignements danois (PET), on voit l'une des deux victimes se faire décapiter et les assassins faire allusion à la Syrie.

Confronté au risque de retour des djihadistes des zones de conflit, le Maroc tente également de parer à la menace de la résurgence de cellules dormantes. «Certains revenants sont sous surveillance parce qu'on espère qu'ils conduisent à des cellules dormantes», précise l'analyste marocain.

Meurtre de deux Scandinaves au Maroc: la «piste terroriste» n'est pas écartée
Depuis 2015, une soixantaine de cellules terroristes ont été démantelées par le BCIJ, surnommé le «FBI marocain».

Lundi, le corps de deux touristes scandinaves, Louisa Jespersen, une étudiante danoise de 24 ans, et Maren Ueland, une Norvégienne de 28 ans, ont été retrouvés dans un site touristique isolé, à une soixantaine de kilomètres de Marrakech. La nouvelle a ému l'opinion publique au Danemark et en Norvège, où le double assassinat a été amplement couvert, mais aussi au Maroc.

Le Royaume chérifien n'avait pas connu d'acte terroriste majeur depuis avril 2011, quand une bombe a été actionnée à distance en plein cœur de la Place Jemaa el Fnaa, haut lieu touristique de la ville de Marrakech.

Non revendiqué, l'attentat avait fait 17 morts et une vingtaine de blessés, principalement des touristes occidentaux.

*Organisation terroriste interdite en Russie

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