La société canadienne General Dynamics, qui a signé un important contrat de vente de blindés légers avec l'Arabie saoudite, a prévenu lundi le gouvernement de Justin Trudeau qu'il s'exposait à lui verser des «milliards de dollars» de pénalités en cas de rupture unilatérale de ce contrat.
«Si le Canada résiliait unilatéralement le contrat, il s'exposerait à devoir payer des pénalités de plusieurs milliards de dollars à General Dynamics Land Systems Canada», a menacé cette société établie dans l'Ontario, dans un communiqué cité par les médias canadiens. «Résilier le contrat aurait un impact négatif significatif sur nos employés hautement qualifiés, sur notre chaîne d'approvisionnement au Canada et plus généralement sur le secteur canadien de la défense», a ajouté la filiale canadienne de l'Américain General Dynamics.
M.Trudeau avait, jusqu'à présent, hésité à annuler ce contrat de 15 milliards de dollars (9,9 milliards d'euros), signé par le précédent gouvernement conservateur, précisément en invoquant les «pénalités exorbitantes» qu'il risquait de devoir payer. Mais, lors d'une interview à la chaîne CTV diffusée dimanche, le dirigeant libéral a nettement changé de ton. «Nous étudions les permis d'exportation pour voir s'il est possible de ne plus exporter ces véhicules vers l'Arabie Saoudite», a-t-il déclaré, sans autre explication.
Ottawa avait exprimé, dès 2017, des inquiétudes quant à l'éventuelle utilisation de ces blindés légers dans des opérations de répression, aussi bien l'est de l'Arabie saoudite qu'au Yémen.
Les relations entre le Canada et le royaume saoudien ont connu une crise ces derniers mois. Riyad avait annoncé en août l'expulsion de l'ambassadeur du Canada, rappelé le sien et gelé tout nouveau commerce ou investissement avec le Canada, après la dénonciation par Ottawa de l'arrestation de militants saoudiens des droits de l'Homme.