La Main du Kremlin débarque en Belgique. Cette fois, elle est notamment soupçonnée d'œuvrer contre la coalition au pouvoir. Cette dernière vient de proclamer sa fin après que le plus important parti au parlement, N-VA ou Alliance néo-flamande, s'est retirée de la coalition, laissant minoritaire le gouvernement du Premier ministre belge, Charles Michel. Le tout s'est produit sur fond d'un profond désaccord touchant au pacte de l'Onu sur les migrations, mais il s'agit là de la version officielle et apparemment trop banale pour se refuser le plaisir d'aller chercher la Main du Kremlin…
C'est sur ce chemin, menant — comme il est déjà de coutume — vers Moscou, que s'est engagé Guy Verhofstadt, ancien Premier ministre belge et chef de file des libéraux et centristes au Parlement européen (ADLE).
Force est pourtant de constater qu'à cette occasion, la Main du Kremlin s'est retrouvée en bonne compagnie.
«Comment, avec l'aide de la Russie, Trump, Orban et le chancelier autrichien Kurz ont aidé à renvoyer les nationalistes flamands du gouvernement belge», a-t-il tweeté, relayant un article surmonté du titre «Cette "guerre de l'information" était intentionnelle».
Ce texte, paru sur le site néerlandais NRC, voit l'origine de la crise, non pas dans la politique migratoire du pays, mais dans l'influence présumée des médias russes sur les hommes politiques. Parmi ceux-ci sont notamment cités Sebastian Kurz, Viktor Orban et Donald Trump, tous trois ayant rejeté le pacte de Marrakech. Non contraignant, ce document de l'Onu recense des principes et une vingtaine de propositions pour gérer les migrations.
Pour se faire une idée de la façon dont les allégations de l'influence russe ont été accueillies par la population, il suffit de jeter un œil sur les commentaires sous le fameux tweet de Guy Verhofstadt.
Postant des images humoristiques assorties des inscriptions «Russians did it», «Putin did it» («Les Russes ont fait ça», «Poutine a fait ça»), les internautes ont tourné en dérision les propos de l'ancien Premier ministre.
D'autres, en même temps, se sont montrés offusqués par le ton de l'homme politique, appelant à faire montre d'«un peu de respect pour le plus grand parti en Belgique et ses électeurs».
La coalition, au pouvoir depuis 2014, ne compte désormais plus que trois partis, le Mouvement réformateur (MR, libéraux francophones) de Charles Michel et deux partis flamands, CD&V (centre droit) et Open VLD.
Depuis quatre ans, le gouvernement a souvent tangué en raison de la question migratoire. Le pacte de Marrakech, que la Belgique a finalement approuvé, recense 23 objectifs de coopération, des ambitions communes et responsabilités partagées en matière de migrations, tout en précisant que chaque État est libre de décider qui il souhaite accueillir.
Plusieurs pays, comme Israël, l'Australie, la Hongrie, la République tchèque, la Slovaquie, la Bulgarie, l'Autriche et la Pologne ont déjà annoncé qu'ils ne le signeraient pas. Le Chili s'est ajouté dimanche à la liste des pays qui refusent d'approuver le texte. La Main du Kremlin est-elle aussi passée par là?