Carlos Ghosn a réalisé le «Plan de renaissance de Nissan » qui a permis à ce géant nippon de l'automobile de sortir en quatre ans de la profonde crise dans laquelle il se trouvait, a rappelé à Sputnik Yoshio Tsukuda, fondateur de l'Institut japonais de recherche sur la mobilité Tsukuda.
«Le style de direction de Ghosn pourrait être caractérisé comme une stricte mise en application des engagements et une réalisation infaillible des objectifs définis», a poursuivi l'interlocuteur de l'agence.
Et de se souvenir qu'avant l'arrivée de Carlos Ghosn, la structure de Nissan n'avait été qu'une sorte de verticale bureaucratique du pouvoir.
«Quoi qu'il en soit, quatre à cinq années plus tard, la règle de la réalisation infaillible des objectifs a été violée. […] Un des objectifs fixés n'a pas été atteint et la popularité de Ghosn a commencé à décliner. […] Certains disaient même que ses meilleurs jours étaient révolus», a indiqué le Japonais.
Selon ce dernier, à cette même époque, Mitsubishi Motors a eu des problèmes et Nissan sous la direction de Carlos Ghosn est venu à sa rescousse. En décembre 2016, Mitsubishi Motors a fusionné avec Nissan. Il en a résulté que Carlos Ghosn a pris la tête de l'alliance stratégique Renault-Nissan-Mitsubishi, ce qui a détourné l'attention de ses critiques. Néanmoins, Nissan s'est mis à craindre sa fusion avec le français Renault.
«Les Japonais, collaborateurs de souche de Nissan, ont estimé qu'il était temps de s'opposer à l'autoritarisme de Ghosn», a résumé M. Tsukuda.
Une autre interlocutrice de Sputnik, l'économiste Iana Michtchenko, du Centre d'études japonaises de l'Institut russe de l'Extrême-Orient, pense que la situation dans laquelle se trouve aujourd'hui Carlos Ghosn est due à un conflit d'intérêts.
«Pendant longtemps, Ghosn a été utile à Nissan qui lui permettait de réaliser ses talents professionnels. Il se peut toutefois qu'il s'agisse d'un conflit d'intérêts, dont la teneur n'est pas révélée au public», a estimé Mme Michtchenko.
Et de relever que, selon le Financial Times, le conseil des directeurs de Nissan était opposé à la fusion avec Renault, envisagée par Carlos Ghosn. Et l'arrestation de ce dernier est un argument de poids contre une telle fusion.
Dmitri Streltsov, grand spécialiste russe du Japon, a déclaré de son côté à Sputnik que le scandale impliquant le patron de l'empire automobile Renault-Nissan-Mitsubishi n'avait rien de préjudiciable pour Nissan.
«Le scandale déclenché par son arrestation montre que le Japon est un État de droit où la corruption ne reste pas impunie. Somme toute, la révélation de ce scandale pourrait même rehausser le prestige international du Japon en tant que pays où les crimes financiers sont combattus sans regard aux postes les plus élevés», a résumé l'interlocuteur de Sputnik.
L'homme d'affaires libano-brésilo-français Carlos Ghosn et patron de l'empire automobile Renault-Nissan-Mitsubishi est accusé au Japon d'avoir sous-évalué sa rémunération à en juger par des rapports financiers. Il a été arrêté à Tokyo sur des soupçons de fraude fiscale pour quelque cinq milliards de yens, soit environ 38,8 millions d'euros, depuis 2011.