Panne des Boeing en Sibérie: un Airbus aurait-il fait mieux? Avis d’un pilote d’Air France

Pourquoi les passagers du vol Air France Paris-Shanghaï sont-ils restés bloqués en Sibérie pendant 72 heures? Pourquoi deux Boeing 777 sont-ils tombés en panne? Que ce serait-il passé avec des Airbus à la place? Pierre Zamora, pilote de Boeing chez Air France depuis 10 ans, nous a présenté sa vision des faits.
Sputnik

Comment se fait-il que quelque 300 passagers et membres d'équipage d'un Boeing 777 d'Air France effectuant un vol Paris-Shanghaï n'ont pas pu quitter la ville d'Irkoutsk pendant trois jours, un avion de rechange étant lui aussi tombé en panne au décollage?

«Irréel et scandaleux»: des Français bloqués depuis 48h en Sibérie par −20° témoignent
Pilote chez Air France depuis 14 ans, Pierre Zamora, a répondu au micro de Sputnik à ces questions laissées sans réponses mais qui pourraient notamment aider à mieux comprendre ce qui s'est passé en Sibérie.

Faisant partie de la division Boeing 777 d'Air France depuis 10 ans, M.Zamora estime ainsi que les défaillances des deux Boeing en Sibérie sont «une coïncidence», la double panne étant «vraiment fortuite dans le cas présent».

«Le Boeing 777-300 a été développé par Boeing à la demande d'Air France, et c'est une réussite commerciale. Cet avion est le "money-maker" de la compagnie», a-t-il expliqué en ajoutant que «70 avions de la compagnie en constituent le pilier principal».

Le pilote a en outre mis en doute les annonces de certains médias suggérant que l'avion de rechange aurait pu tomber en panne à cause des températures basses en Sibérie.

«Les Airbus ne sont pas forcément plus résistants aux températures froides», les appareils américains et français étant «amenés à affronter les mêmes conditions de vol», a-t-il dit.

Paris-Shanghaï: après 72h en Sibérie, les passagers ont décollé à bord d’un 3e avion
Cependant, Pierre Zamora a reconnu que «les Airbus étaient meilleurs au niveau ergonomique», les Boeings restant toutefois «des avions sûrs». En outre, «la philosophie du traitement de la panne est très simple» chez le constructeur américain.

M.Zamora a également expliqué pourquoi les passagers d'Air France ont été obligés d'attendre trois jours en Sibérie avant de pouvoir gagner leur destination en soulignant que «régler une irrégularité d'exploitation n'est jamais simple dans le sens où il n'y a pas toujours d'avions de réserve car un avion qui ne vole pas est un avion qui coûte très cher».

«Il faut donc désorganiser une rotation avion mais ne pas pénaliser les autres destinations. C'est comme un jeu de domino et parfois la meilleure des solutions n'intervient que plusieurs dizaines d'heures plus tard», a conclu le pilote d'Air France.

Le 11 novembre, un Boeing 777 du vol Paris-Shanghaï de la compagnie Air France s'est détourné de son itinéraire pour atterrir d'urgence à l'aéroport d'Irkoutsk pour cause de fumée à bord. Aucun des 282 passagers et membres d'équipage n'a été blessé.

Un vol Paris-Shanghai d'Air France atterrit d'urgence à Irkoutsk, en Sibérie
Le 12 novembre au soir, Air France a dépêché à Irkoutsk un avion de réserve censé transporter les passagers à Shanghaï. Cependant, une défaillance du système hydraulique a été constatée dans ce deuxième appareil alors qu'il s'apprêtait à décoller d'Irkoutsk dans la nuit de lundi à mardi. Les passagers et les membres d'équipage ont de nouveau été transportés dans des hôtels d'Irkoutsk.

Le 14 novembre, les passagers ont décollé avec succès d'Irkoutsk à bord d'un troisième appareil avant d'atterrir à Shanghai, soit avec trois jours de retard.

Des spécialistes français sont chargés d'enquêter sur les défaillances de ces deux premiers avions se trouvant en Sibérie.

Interrogés par Sputnik, des passagers de ce vol ont auparavant évoqué ce qu'ils avaient vécu durant ces trois jours passés en Sibérie.

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