À quoi ressemblera l'économie russe ces trois prochaines années?

Selon le nouveau rapport de l'agence de notation S&P Global Ratings, dans les trois années à venir l'économie russe connaîtra une croissance «relativement lente».
Sputnik

Les analystes de l'agence soulignent que la stimulation de la croissance du PIB par un afflux d'investissements de l'État pourrait se retrouver confrontée à des difficultés et prendre du temps.

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Standard & Poor's (S&P) prédit à l'économie russe en 2018-2021 une croissance «relativement lente» de 1,7-1,8% en moyenne, stipule le rapport cité par le quotidien Rossiïskaïa gazeta. Pour sa part, le gouvernement russe s'attend d'ici 2021 à une accélération du PIB de plus de 3% grâce aux investissements (notamment dans l'infrastructure).

L'agence doute que tous les projets annoncés, qui représentent un total d'environ 450 milliards de dollars, soient réalisés «compte tenu du long processus de prise de décisions d'investissement inhérent à la Russie et de la structure complexe de répartition des fonds pour les grands projets avec la participation de l'État». Actuellement, S&P ne s'attend pas à ce que l'État impose des engagements conséquents aux entreprises privées en matière d'investissements d'infrastructure, et l'agence ne prédit pas non plus un impact direct des plans d'investissement du gouvernement sur les notations des compagnies.

Selon S&P, la priorité du gouvernement sera la stabilité macroéconomique en se tenant à la règle budgétaire et, par conséquent, en limitant le potentiel de la croissance économique. «Dans le même temps, la croissance plus rapide des investissements dans le secteur commercial dépend du progrès des réformes structurelles, notamment du système judiciaire, ainsi que du progrès dans la privatisation et la démonopolisation», indique le rapport. L'agence juge les perspectives de ces processus «limitées». De ce fait, la croissance du PIB sera inférieure au niveau prédit par le gouvernement, et les dépenses du secteur corporatif n'augmenteront pas notablement, suppose S&P.

«L'économie russe s'est adaptée aux sanctions actuelles, mais elles affectent négativement sa dynamique à long terme», a déclaré le directeur du groupe Classements souverains de l'agence, Karen Vartapetov, pendant la conférence annuelle de S&P Global Ratings mardi. D'après ce dernier, la probabilité de nouvelles sanctions contre la Russie est élevée, mais elles ne seront pas forcément significatives sur le plan macroéconomique. «Les nouvelles restrictions éventuelles n'entraîneront pas automatiquement un changement de notation de la Russie», dit-il.

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Selon l'expert, la notation souveraine de la Russie pourrait augmenter grâce au renforcement de la tendance à la diminution de la dépendance de l'économie envers la conjoncture extérieure (principalement les fluctuations du prix du baril).

La dépendance du secteur financier envers les fluctuations pétrolières a effectivement faibli, mais la dépendance globale de l'économie russe envers le pétrole se maintient, a déclaré pendant la conférence de S&P le vice-président de Vnechekonombank Andreï Klepatch. D'après lui, la suppression d'une partie des recettes pétrolières à travers la règle budgétaire ne peut pas être qualifiée de bienfait pour l'accélération du PIB.

Les investissements dans l'infrastructure sont une priorité pour accélérer la croissance économique, suppose Andreï Klepatch. «Et étant donné que pour l'instant on ne constate aucun sursaut dans l'augmentation de ces investissements, il ne faut pas s'attendre à une forte augmentation du PIB à moyen terme», reconnaît-il.

Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur de l'article repris d'un média russe et traduit dans son intégralité en français.

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