Le PSG «a triché» pour se faire une place parmi les grands clubs d’Europe, le Qatar «a injecté 1,8 milliard d’euros dans le PSG de façon largement frauduleuse» et Michel Platini et Gianni Infantino «ont aidé à masquer la supercherie», a affirmé vendredi le site Mediapart.
Les clubs PSG et Manchester City et le dopage financier
«Depuis son rachat du PSG en 2011, le Qatar y a injecté 1,8 milliard d’euros, dont 1,35 milliard via des contrats de sponsoring surévalués et le solde via des avances d'actionnaire. Soit plus de 11 ans de dépenses de l’Olympique de Marseille (OM), ou encore 34 ans de budget d’un club comme Montpellier. C’est le deuxième plus gros cas de dopage financier depuis l’introduction des règles interdisant cette pratique, juste derrière Manchester City», a noté le site Mediapart ouvrant la deuxième saison des révélations des Football Leaks.
Le «dopage financier» est formellement interdit au sein de l’UEFA depuis la réforme lancée en 2010 par Michel Platini et imposant le fair-play financier (FPF), un équilibre des recettes et des dépenses et un déficit limité à 30 millions d’euros.
Selon les règles de l’UEFA, un club engagé en compétition européenne n’a pas le droit de dépenser plus que ce qu’il ne gagne en propre, au risque d’être exclu des compétitions. Le FPF a pour objectif de contrôler l’inflation des transferts et des salaires des joueurs, ainsi que «d'empêcher les émirs, oligarques et autres milliardaires de fausser les compétitions en subventionnant les clubs à fonds perdu», note Mediapart.
Or, le champion de France en titre et Manchester City ont reçu des millions d’euros de leurs sponsors au Proche-Orient entre 2011 et 2013, recrutant massivement des stars du football et leur offrant des salaires impressionnants.
Aux termes d’un contrat de «promotion de l’image du Qatar» signé avec la Qatar Tourism Authority (QTA), contrôlée par le gouvernement de l’émirat, le club parisien devait recevoir «1,075 milliard d’euros sur cinq saisons, soit 215 millions annuels en moyenne: 100 millions la première saison, jusqu’à 250 millions ensuite». À l’époque, la totalité des revenus de sponsoring du PSG s’élevaient à 24 millions d’euros.
Le déficit du club Manchester City, propriété du demi-frère du cheikh d’Abou Dhabi, s’est quant à lui chiffré à 233 millions, presque cinq fois plus que la limite autorisée.
Michel Platini, alors président de l’UEFA, et Gianni Infantino, son secrétaire général, auraient été au courant de la situation, d’après Mediapart. Ils auraient tenu plusieurs rencontres avec les dirigeants des clubs, discuté des détails confidentiels et proposé des compromis. Les clubs ont finalement pu s’en tirer. En mai 2014, les deux clubs sont parvenus à des accords avec l’UEFA, écopant d’amendes de seulement 20 millions d’euros.
Dans un communiqué publié par des médias, Michel Platini a déclaré vendredi soir qu’il avait «toujours affirmé que le fair-play financier n’avait pas vocation à tuer ou à asphyxier financièrement les clubs».
Sarkozy et le Mondial 2022 au Qatar
Selon Mediapart, en novembre 2010, neuf jours avant le vote pour l’attribution du Mondial, M.Sarkozy aurait proposé, lors d’un déjeuner, à Tamim ben Hamad Al-Thani, alors prince héritier du Qatar et actuel émir, de racheter le club parisien, alors déficitaire, et de créer une chaîne sportive en France pour pouvoir accueillir la Coupe du Monde. Michel Platini et Sébastien Bazin, représentant du fonds Colony qui voulait vendre le PSG, auraient été présents à cette rencontre, d’après des enquêtes de So Foot et France Football citées par Mediapart.
La fondation qatarie a acheté 70% des parts du PSG le 31 mai 2011 et la chaîne BeIN Sports a commencé à émettre en France le 1er juin 2012.
Les nouvelles révélations publiées par Mediapart sont le résultat d’analyse d’environ 18,6 millions de documents confidentiels, soit plus de 1,9 téraoctet de données, sur des contrats, des transferts, des commissions et l'évasion fiscale dans le monde du football divulgués à partir du 2 décembre 2016. Selon Mediapart, il s'agit de la «plus grande fuite d’informations de l’histoire du sport».