Nicolas Sarkozy estime qu’il faut «tendre la main à la Russie»

En retrait depuis sa défaite aux primaires de la droite, Nicolas Sarkozy s’est livré au Point et il en a profité pour critiquer la politique européenne vis-à-vis de la Russie. Il propose d’en finir avec des sanctions qu’il juge «contre-productives» pour intégrer Moscou à l’architecture de sécurité européenne.
Sputnik

«Il faut tendre la main à la Russie». Cette phrase assez inhabituelle dans la bouche d'un homme politique français n'est pas de Marine Le Pen, mais de Nicolas Sarkozy. L'ancien Président, artisan du retour de la France dans le commandement intégré de l'Otan, a accordé une interview au Point, dans laquelle il prône un changement de politique vis-à-vis de Moscou.

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Rappelant qu'il avait permis de faire «reculer les chars russes en Géorgie» en 2008 lorsque la France présidait l'Union européenne, il déplore un «manque de confiance» entre Russes et Européens et insiste sur le fait que Moscou est redevenu un acteur incontournable des affaires internationales.

«Vladimir Poutine, quels que soient les désaccords que l'on peut avoir avec lui, a remis la Russie sur le devant de la scène. La dernière Coupe du Monde a montré un beau visage de la Russie», observe Nicolas Sarkozy dans Le Point.

L'ancien Président regrette que sur le dossier russe, l'Europe s'aligne sur la politique de Washington et considère que les sanctions ne sont pas dans l'intérêt des Européens, mais qu'elles sont imposées par des «injonctions de Donald Trump»:

«Les sanctions sont contre-productives. L'Europe et la Russie doivent travailler en confiance. Et le pire est peut-être à venir puisque le Congrès américain envisage d'asphyxier 140 millions de Russes en privant les banques russes d'accès aux financements internationaux.»

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L'effet pervers, selon Nicolas Sarkozy, est que cette politique de sanctions revient à «tout faire pour pousser la Russie dans les bras de la Chine», alors même qu'il voit en Moscou un «partenaire» potentiel pour repenser la sécurité en Europe.

«Il faut tendre la main à la Russie. Il importe maintenant d'imaginer au-dessus de l'Europe une nouvelle organisation supranationale qui rassemblerait trois partenaires fondateurs: l'Europe, la Turquie et la Russie.»

Nicolas Sarkozy se montre favorable à un dialogue politique fort entre Européens et Russes pour répondre aux défis globaux, comme la lutte contre le terrorisme. Il estime également que «l'architecture de notre continent serait renforcée» par une plus grande intégration de la Russie puisque des pays comme l'Ukraine n'auraient plus à choisir entre Bruxelles et Moscou.

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