Dans une interview accordée au Point, l'ancien Président de la République française, Nicolas Sarkozy, a donné son sentiment sur de nombreuses questions d'actualité préoccupant la communauté internationale. Parmi elle, l'évolution des relations entre la Russie et l'Europe qui doivent «travailler en confiance», estime-t-il.
«Nous faisons tout pour pousser la Russie dans les bras de la Chine et je le regrette profondément. Les sanctions sont contre-productives. L'Europe et la Russie doivent travailler en confiance. Et le pire est peut-être à venir puisque le Congrès américain envisage d'asphyxier 140 millions de Russes en privant les banques russes d'accès aux financements internationaux. En mesure-t-on les conséquences?»
Mais outre collaborer avec la Russie, l'Europe doit considérer la Turquie aussi comme son partenaire, réfléchit Nicolas Sarkozy. D'après lui, il importe d'imaginer maintenant une nouvelle organisation «supranationale» qui «rassemblerait trois partenaires fondateurs: l'Europe, la Turquie et la Russie». Pour l'ancien dirigeant français, on instaurerait ainsi un «dialogue politique à haut niveau» et on évoquerait les «questions de sécurité, de terrorisme et de coopération économique».
L'ancien Président français s'est également prononcé sur les institutions internationales qui existent aujourd'hui. Ainsi, l'Onu, le G20 ou l'Otan, doivent être réformés, estime M.Sarkozy.
«J'ai été frappé de voir qu'à la dernière assemblée générale des Nations unies il n'y avait ni le Président chinois ni le Président russe. Chacun vient pour parler à ses propres journalistes. L'Onu doit être réformée. Le G20, que j'ai créé en 2008, doit également être réformé, car il a de plus en plus de mal à prendre des décisions. Il doit se doter d'un secrétariat général pour assurer le suivi des dossiers. On doit également se poser des questions sur le fonctionnement de l'Otan.»
Comme l'a souligné l'ex-dirigeant français, il faudrait un système pour «trancher les conflits» entre les différentes institutions mondiales, donc créer une nouvelle infrastructure internationale où l'«Onu jouerait un rôle essentiel».
«Nous ne sommes pas encore entrés dans le XXIe siècle. Nous entrerons dans notre siècle quand nous nous doterons des institutions internationales du XXIe et abandonnerons celles du siècle précédent», a-t-il conclu.