Le leader sécessionniste Julius Sisiku Ayuk Tabe et neuf autres coaccusés sont apparus tout sourire et décontractés à la cour d'appel de Yaoundé, fortement militarisé pour la circonstance. Il faut dire qu'ils sont soupçonnés d'être les principaux responsables de la crise sécessionniste des régions anglophones du Cameroun, qui ont fait des centaines de morts et des centaines de milliers de déplacés depuis un an.
«Ce jour est un grand jour, parce que tous les prévenus étaient là. Apparemment, ils sont en forme, mais je ne suis pas médecin pour le dire avec certitude»,
a affirmé à la presse Me John Feu Nsoh, l'un des trois avocats des leaders anglophones après l'audience. Les avocats de la défense avaient introduit une demande de libération immédiate, arguant que leurs clients étaient illégalement détenus. Le 11 octobre dernier, Me Fru John Nsoh avait demandé sans succès la mise en liberté provisoire des activistes de la crise anglophone. L'audience, qui a duré deux heures, s'est déroulée à huis clos. Le juge a renvoyé le délibéré sur cette question au 15 novembre prochain.
Le 1er octobre 2017, le leader indépendantiste Sisiku Ayuk Tabe déclarait symboliquement l'indépendance de la république fantôme de l'Ambazonie. Un an plus tard, le conflit s'est enlisé et menace de se transformer en guerre civile, faisant des centaines de morts. Les organisations internationales dénombrent près de 300.000 déplacés internes et plus de 20.000 réfugiés camerounais au Nigéria. Ayuk Tabe et la plupart des autres militants anglophones arrêtés au Nigeria constituaient la branche politique du mouvement séparatiste camerounais, prônant la négociation avec Yaoundé pour arriver à leurs fins.