À la question de savoir si Paris allait emboîter le pas à Berlin après la reconnaissance ce week-end par Riyad du meurtre du journaliste Jamal Khashoggi le 2 octobre dernier à Istanbul, le chef de l'Etat français a répondu lors d'une visite au salon mondial de l'industrie navale de défense Euronaval, au Bourget: «Mon agenda n'est pas dicté par les médias, que ça vous plaise ou non. Je suis sur un autre sujet. Ça n'a rien à voir avec le sujet qu'on est en train de traiter. Rien. Rien. Donc je n'y répondrai pas. Je regrette. Ça continuera tant que je serai à la place à laquelle je suis. Que ça plaise ou que ça déplaise.»
La réponse d'Emmanuel Macron n'a pas tardé à faire le buzz sur Twitter, plusieurs internautes — y compris des femmes et des hommes politiques — ayant critiqué son attitude.
D'autres lui ont reproché d'exercer une politique de deux poids deux mesures:
Certains ont critiqué l'indifférence dont ferait preuve la société envers l'assassinat du journaliste saoudien:
L'Allemagne, qui a approuvé cette année l'exportation de plus de 400 millions d'euros d'armements vers l'Arabie saoudite, a annoncé dimanche la suspension des exportations d'armes vers Riyad, jugeant que celles-ci ne pouvaient «avoir lieu dans les circonstances actuelles».
La situation est délicate pour la France, qui a scellé avec l'Arabie saoudite pour plusieurs milliards d'euros de contrats ces dernières années. Selon un rapport parlementaire publié en juin, l'Arabie saoudite a été sur la période 2008-2017 le deuxième client de la France en matière d'armement, avec plus de 11 milliards d'euros de contrats.
Sous pression depuis plusieurs mois des défenseurs des droits de l'homme qui l'exhortent à suspendre ses livraisons d'armes à Riyad compte tenu du rôle joué par le royaume dans le conflit au Yémen, la France s'en est jusqu'à présent toujours tenue à la défense de sa «stricte politique de contrôle des ventes d'armement» confiée à une commission interministérielle.