Après l’accord sur le nucléaire iranien, Trump sort d’un accord nucléaire vieux de 30 ans

Les Etats-Unis ne veulent plus limiter leurs capacités nucléaires. Donald Trump a annoncé le 20 octobre dernier son intention de sortir du traité sur les Forces nucléaires à portée intermédiaire en dénonçant les violations russes. Mais Moscou accuse Washington d’avoir été le premier à enfreindre le texte. Qui a raison et qui a tort ?
Sputnik

Donald Trump l'a annoncé le 20 octobre dernier: après être sorti de l'accord sur le nucléaire iranien, les Etats-Unis veulent «mettre fin» au traité sur les Forces nucléaires à portée intermédiaire (FNI), qui limite depuis 1987 le déploiement d'armes nucléaires en Europe.

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Le traité FNI, en vigueur depuis 1988, a été ratifié par les Etats-Unis et la Russie et a pour but d'interdire le déploiement de vecteurs nucléaires ayant un rayon d'action compris entre 500 et 5 500 km. Pour justifier sa décision de mettre un terme à un des principaux accords limitant la prolifération d'armes de destruction massive, le Président américain a déclaré:

«La Russie a violé le traité. Elle le viole depuis de nombreuses années. Et je ne sais pas pourquoi le Président Obama n'a pas négocié ou ne s'est pas retiré [du traité]. Nous ne laisserons pas [les Russes] violer un accord sur le nucléaire et développer des armes auxquelles nous n'avons pas le droit.»

Pour affirmer cela, Donald Trump s'appuie sur une série de rapports qui affirment que la Russie développerait depuis 2008 un type de missiles interdit par le traité FNI. Pourtant, aucune mention d'une éventuelle violation de l'accord par Moscou n'est faite avant 2013, lorsque la secrétaire générale adjointe de l'OTAN avait accusé la partie russe.

Une accusation reprise par l'administration Obama, qui pointait dans des rapports sur «l'adhésion et le respect au contrôle des armes, à la non-prolifération et aux accords de désarmement» datant de 2014 à 2017 les violations au traité FNI, sans nommer le missile incriminé ni apporter de preuves confirmant les allégations américaines.

Le même rapport rappelait en revanche explicitement que «l'administration américaine ne croit pas que la Russie ait d'ores et déjà déployé ces missiles». Parallèlement, Moscou dément formellement avoir violé le traité et accuse Washington de développer plusieurs programmes différents violant le traité FNI.

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Pour la Russie, le système de défense balistique mis en place par les Etats-Unis en Pologne et en Roumanie en 2007 et entré en fonction entre 2016 et 2018 est «une violation flagrante» du traité FNI puisqu'il utilise des missiles de portée intermédiaire et que ces derniers sont potentiellement remplaçables en quelques heures par des Tomahawk capables de transporter une ogive nucléaire.

«Le déploiement de lanceurs MK-41 en Roumanie serait une entorse significative au traité FNI», déclarait Mikhail Ulyanov, directeur du département de non-prolifération du ministère des Affaires étrangères russe en 2015.

Outre ce système de défense balistique déployé en Europe de l'Est, soit disant pour se protéger d'une éventuelle attaque de l'Iran, la Russie a dénoncé le programme américain de drones. Les drones ayant un rayon d'action compris entre 500 et 5 500 km, ils seraient, selon Moscou, sous le coup du traité FNI.

Chacun accuse donc l'autre d'avoir violé le traité FNI en premier. Le fait est que les Etats-Unis ont mis en place un système allant potentiellement à l'encontre de l'accord dès 2007 tandis que Moscou aurait selon Washington développé un missile de portée intermédiaire entre 2008 et 2014 et que, de part et d'autre, on regarde vers la Chine qui, hors du traité FNI, développe des capacités militaires que les Etats-Unis et la Russie s'interdisent.

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