L'«insupportable» Khashoggi: les confessions de son ex-collègue écrivain

Ils ont travaillé au journal Al-Wasat pendant une dizaine d'années. Maintenant, Fayçal Jalloul, écrivain et spécialiste du Moyen-Orient, garde un bon souvenir de son ex-collègue Jamal Khashoggi, un «homme qui avait l'oreille de responsables US», et raconte à Sputnik pourquoi sa personnalité était «insupportable» pour Riyad.
Sputnik

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Alors que l'affaire Khashoggi prend de l'ampleur, certains comme le Président américain estimant qu'il est fort probable que le journaliste soit mort, son ex-collègue Fayçal Jalloul a fait part à Sputnik de ses souvenirs concernant le journaliste disparu.

Jamal Khashoggi et Fayçal Jalloul, écrivain spécialiste du Moyen-Orient et chercheur à l'Académie de géopolitique de Paris, ont travaillé ensemble pendant 10 ans au journal Al-Wasat sur plusieurs dossiers — le Yémen, la Syrie, la Palestine — bien qu'ils ne soient pas d'accord sur tout.

«Il est Frère musulman*, il a soutenu les Frères musulmans*», se rappelle M.Jalloul. «Les printemps arabes, c'était son affaire, il a joué un rôle important là-dedans et il a continué de le faire jusqu'à son présumé assassinat. Ce qui déplaît au gouvernement d'Arabie saoudite et à Mohammed ben Salmane», pointe-t-il.

Les prises de position de Khashoggi pouvaient déplaire au pouvoir saoudien pour plusieurs raisons, surtout vu le fait qu'il avait décidé de s'exiler aux États-Unis et écrivait dans The Washington Post.

Le deuxième facteur, c'est le fait qu'il était proche des Frères musulmans*.

«Le régime saoudien ne supporte pas un homme comme Khashoggi, un opposant de taille, qui sait bien parler, qui a de bonnes relations avec les Américains, qui a de bonnes relations au sein même d'une partie de la famille royale d'Arabie saoudite.»

«Avoir cet homme qui a l'oreille de responsables américains, qui écrit dans une presse américaine hyper-importante, qui était très médiatisé, c'était pour ben Salmane et même pour le roi, insupportable», résume M.Jalloul.

Affaire Khashoggi: Abou Dhabi prend la défense de Riyad
Virulent critique du pouvoir saoudien, Jamal Khashoggi n'a plus donné signe de vie depuis son entrée le 2 octobre dans le bâtiment du consulat saoudien à Istanbul. Des responsables turcs ont affirmé qu'il y avait été assassiné et démembré.

Riyad affirme que le reporter a disparu après avoir quitté le bâtiment du consulat. Ce dernier collabore avec les autorités turques pour préciser les circonstances de sa disparition. Le Président turc Recep Tayyip Erdogan a déclaré que l'Arabie saoudite devrait prouver sa non-implication dans cette disparition et que ses explications étaient peu convaincantes.

Le porte-parole du ministère turc des Affaires étrangères, Hami Aksoy, a annoncé que la Turquie avait obtenu de la part de l'Arabie saoudite une autorisation pour visiter son consulat général à Istanbul suite à la disparition de Jamal Khashoggi.

La semaine dernière, The Washington Post a communiqué que le gouvernement turc avait indiqué aux officiels américains détenir des vidéos et des bandes sonores qui prouvent que le journaliste a été assassiné dans le consulat. Pour sa part, Riyad rejette toute accusation.

*Organisation terroriste interdite en Russie

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