Jamal Khashoggi et Fayçal Jalloul, écrivain spécialiste du Moyen-Orient et chercheur à l'Académie de géopolitique de Paris, ont travaillé ensemble pendant 10 ans au journal Al-Wasat sur plusieurs dossiers — le Yémen, la Syrie, la Palestine — bien qu'ils ne soient pas d'accord sur tout.
«Il est Frère musulman*, il a soutenu les Frères musulmans*», se rappelle M.Jalloul. «Les printemps arabes, c'était son affaire, il a joué un rôle important là-dedans et il a continué de le faire jusqu'à son présumé assassinat. Ce qui déplaît au gouvernement d'Arabie saoudite et à Mohammed ben Salmane», pointe-t-il.
Les prises de position de Khashoggi pouvaient déplaire au pouvoir saoudien pour plusieurs raisons, surtout vu le fait qu'il avait décidé de s'exiler aux États-Unis et écrivait dans The Washington Post.
Le deuxième facteur, c'est le fait qu'il était proche des Frères musulmans*.
«Le régime saoudien ne supporte pas un homme comme Khashoggi, un opposant de taille, qui sait bien parler, qui a de bonnes relations avec les Américains, qui a de bonnes relations au sein même d'une partie de la famille royale d'Arabie saoudite.»
«Avoir cet homme qui a l'oreille de responsables américains, qui écrit dans une presse américaine hyper-importante, qui était très médiatisé, c'était pour ben Salmane et même pour le roi, insupportable», résume M.Jalloul.
Riyad affirme que le reporter a disparu après avoir quitté le bâtiment du consulat. Ce dernier collabore avec les autorités turques pour préciser les circonstances de sa disparition. Le Président turc Recep Tayyip Erdogan a déclaré que l'Arabie saoudite devrait prouver sa non-implication dans cette disparition et que ses explications étaient peu convaincantes.
Le porte-parole du ministère turc des Affaires étrangères, Hami Aksoy, a annoncé que la Turquie avait obtenu de la part de l'Arabie saoudite une autorisation pour visiter son consulat général à Istanbul suite à la disparition de Jamal Khashoggi.
La semaine dernière, The Washington Post a communiqué que le gouvernement turc avait indiqué aux officiels américains détenir des vidéos et des bandes sonores qui prouvent que le journaliste a été assassiné dans le consulat. Pour sa part, Riyad rejette toute accusation.
*Organisation terroriste interdite en Russie