Raptor contre Favorit: le F-22 arrivera-t-il à tromper le S-300 en Syrie?

La fourniture d'une division de systèmes antiaériens russes S-300 en Syrie a - sans surprise - semé la panique à Tel-Aviv et à Washington. Des généraux en exercice et à la retraite de Tsahal et du Pentagone expriment depuis plus d'une semaine leur inquiétude et menacent Moscou et Damas de contremesures.
Sputnik

En particulier, le site The Drive a fait part des projets des USA d'utiliser en Syrie des chasseurs de 5e génération F-22 Raptor qui, selon les militaires américains, sont invulnérables face aux S-300. La Maison blanche tentera-t-elle de tester cette hypothèse en pratique et quelles pourraient en être les conséquences?

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Facile — sur le papier

La Russie a décidé de livrer des S-300 en Syrie ce 17 septembre, immédiatement après que l'un des ses Il-20 a été abattu en phase d'atterrissage. L'avion de reconnaissance russe a été frappé par le missile d'un S-200 syrien qui visait un F-16 israélien. 15 militaires russes ont été tués dans cette catastrophe. Le ministère russe de la Défense a rejeté la responsabilité sur Israël en déclarant que le transfert d'une DCA moderne à Damas permettrait d'éviter de telles tragédies à l'avenir.

Un F-22 Raptor américain

Les experts sont convaincus que l'armée de l'air américaine ne laissera certainement pas passer l'occasion d'en apprendre davantage sur le fonctionnement du S-300 en conditions réelles. Difficile de trouver un meilleur candidat pour cette mission que le F-22, spécialement conçu pour réprimer et détruire la DCA sophistiquée — ce qui ne signifie pas qu'il volera en toute sécurité.

«La conception américaine d'utilisation des Raptor contre la DCA est approximativement la suivante: un ou plusieurs F-22 entrent furtivement dans la zone d'action des radars ennemis, branchent leurs moyens de guerre électronique et commencent à brouiller les systèmes de détection et de visée ennemis. Des frappes sont lancées en parallèle contre les radars, les systèmes de lancement et les postes de commandement. Après la percée arrive un second échelon de chasseurs-bombardiers qui parachèvent l'attaque. La DCA, paralysée par l'action des avions furtifs, ne peut plus y résister. Mais ces opérations ne semblent faciles que sur le papier», explique Sergueï Soudakov, professeur à l'Académie des sciences militaires.

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La guerre des mots

L'expert souligne que même si les radars de la DCA terrestre n'identifiaient pas le F-22, le chasseur serait tout de même visible au moment où il utiliserait ses systèmes de bord de guerre électronique. D'après Sergueï Soudakov, les moyens de contrôle terrestres sont capables de localiser la source d'émission et, par conséquent, de déterminer l'emplacement de l'avion pour le verrouiller rapidement avec un missile sol-air.

La seule chose qu'un pilote du Raptor puisse faire en parfaite sécurité, c'est de déterminer approximativement la zone d'action des systèmes antiaériens — mais ces derniers sont prêts à changer rapidement de position. Et dans l'ensemble, selon les spécialistes, il n'existe pas d'avions complètement invisibles.

«La faible visibilité radar du F-22 est un fait. Mais il est très exagéré d'affirmer que cet avion est invisible pour les radars des S-300. Dans la longueur d'onde centimétrique, il est effectivement peu visible, ce qui toutefois n'exclut pas la possibilité d'une attaque réussie contre lui. Et dans la longueur d'onde métrique, le Raptor est parfaitement visible. Toutes ces discussions sont des paroles en l'air. Nous assistons actuellement à une guerre des mots et à des déclarations. Je suis convaincu que ni Israéliens ni les Américains ne frapperont les S-300 tant que des spécialistes russes seront de permanence sur les postes des systèmes. Cependant, ils pourraient bien essayer de détruire les S-300 dès qu'ils seront définitivement transmis aux militaires syriens», déclare l'expert militaire Mikhaïl Khodarenok.

Ce dernier souligne que le niveau de préparation opérationnelle des effectifs syriens n'atteint pas encore la qualification nécessaire, et qu'il ne sera pas possible de mettre en place rapidement dans toute la république arabe une DCA échelonnée profonde comme à la base aérienne de Hmeimim. «Le manque d'expérience des Syriens pourrait se refléter négativement sur les capacités opérationnelles du système russe et, par conséquent, donner matière aux médias occidentaux pour propager le mythe de leur faible efficacité. Cela risque d'affecter la réputation de la Russie en tant qu'exportateur d'armements», note Mikhaïl Khodarenok.

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Les risques en matière de réputation

Les Américains ont déjà mis plusieurs fois à l'épreuve la DCA syrienne. The Drive souligne que les F-22 ont été activement utilisés par la coalition des USA au tout début de l'opération aérienne. Ces appareils furtifs sondaient les zones couvertes par les radars de la défense antiaérienne pour déterminer si cette dernière représentait une menace pour les avions occidentaux modernes. Toutefois, le F-22 et son «frère cadet» le F-35 ont également fait leur apparition dans le ciel syrien par la suite. En particulier, la semaine dernière, les médias ont relayé l'image d'un Raptor dans le ciel, que l'on suppose captée par le radar d'un chasseur russe Su-35.

«C'est une guerre des mots, des menaces et des insinuations menaçantes — un simple voile pour cacher la volonté de Washington de proclamer sa domination sur la Russie en prévision des élections de mi-mandat du 6 novembre. Cela fait longtemps que notre pays sert d'épouvantail. Il est évident que le pouvoir actuel veut se vanter devant l'électorat. L'affaire n'ira pas plus loin que les paroles. Et même si c'était le cas, un seul Raptor abattu pourrait sérieusement ébranler les positions des auteurs américains de la «petite guerre victorieuse» et influencer les résultats du vote», estime Sergueï Soudakov.

Quoi qu'il en soit, le Pentagone y réfléchira à deux fois avant d'envoyer ses meilleurs avions contre une défense antiaérienne constituée de S-300. L'entretien de la réputation des armes dans une guerre réelle est une lame à double-tranchant. Il suffit de perdre un seul F-22 lors d'une riposte et l'image militaro-industrielle des USA subirait un immense préjudice.

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