Selon Boris Dolgov, directeur de recherche au centre d'études du monde arabe de l'Institut d'orientalisme de l'Académie des sciences de Russie, la livraison des S-300 à la Syrie pourrait entraîner «des actions de la part des États-Unis et d'Israël».
«Israël fera tout son possible pour poursuivre ses actions militaires contre les forces pro-iraniennes et contre les positions de l'armée syrienne. Comment s'y prendra-t-il? Soit avec des avions américains, soit par des mesures permettant de contrer les systèmes S-300», affirme-t-il à Sputnik, ajoutant que cela signifie de toute façon une aggravation de la situation en Syrie pouvant avoir comme résultat une «flambée des oppositions».
Le ministre israélien de la Défense, Avigdor Lieberman, avait précédemment promis de détruire les S-300 s'ils étaient utilisés contre les avions israéliens. Pour M.Dolgov, «ces intentions des États-Unis et d'Israël s'inscrivent logiquement dans la politique menée par les États-Unis et Israël à l'égard de la Syrie», l'Etat hébreu s'assignant la tâche d'éliminer la présence iranienne en Syrie et toute possibilité d'aide iranienne à l'armée syrienne.
«Quelles chances y a-t-il que les États-Unis et Israël appliquent ces mesures? Oui, c'est possible, mais en cas d'utilisation de nouveaux systèmes d'armement — des chasseurs américains de nouvelle génération — il faut préciser comment ils seront utilisés», poursuit-il, commentant les informations parues dans certains médias sur le possible recours aux F-22 américains en Syrie après le déploiement des S-300.
Parmi les possibilités: s'en servir pour contrer les batteries antiaériennes S-300 auxquelles ces chasseurs seraient capables de faire face, comme l'assure l'armée américaine, ou bien porter des frappes, précise M.Dolgov. «Mais il est fort probable que ces avions tentent d'éviter le champ d'action des S-300 russes et ainsi poursuivent leur politique concernant les positions syriennes et iraniennes en Syrie».
«[Ces actions] peuvent provoquer une riposte russe et syrienne: la Russie détient des systèmes S-400 plus nouveaux, ils peuvent aussi y être déployés. Cela dépend de la situation concrète et des actions concrètes de la part des États-Unis, qui sont possibles à mon avis».
Pour autant, M.Dolgov ne croit pas que «cette étape du conflit débouche sur une confrontation directe entre Israël et l'armée syrienne, ou Israël et les militaires russes, ou bien entre Israël et les USA, d'un côté, et les forces syriennes et russes, de l'autre.
«Des conflits et des interventions militaires ponctuelles entre ces acteurs externes de la crise syrienne restent possibles», résume l'interlocuteur de Sputnik.