Les dinosaures, les oiseaux et la plupart des primates ont, jusqu'à un certain point, développé assez efficacement leur cerveau pour acquérir des qualités fondamentales telles que la bipédie, la main préhensile et la sociabilité. Qu'est-ce qui les donc a empêchés de prendre la place de nos ancêtres?
Les dinosaures: des prédateurs très intelligents
En y ajoutant l'homéothermie (les chercheurs américains ont démontré que la température du corps des lézards préhistoriques variait entre 36 et 38 degrés), la bipédie, la méthode complexe d'obtention de la nourriture (le Troodon était un prédateur, mais se nourrissait également de plantes) et la main préhensible tridactyle, on peut conclure que ce petit théropode avait tout pour se transformer en être intelligent.
Son évolution intellectuelle a été interrompue soit par un astéroïde tombé sur la planète au mauvais moment, soit par l'extinction qui a commencé 40 millions d'années avant la disparition totale des dinosaures de la planète.
«Certains paléontologues affirment que la vitesse de croissance du cerveau des théropodes était comparable à celle des australopithèques — nos ancêtres. S'ils n'avaient pas disparu, même avec le rythme actuel d'évolution sans aucune accélération, ils posséderaient actuellement un cerveau de 1.100 centimètres cubes et auraient été très intelligents», constate dans ses travaux le candidat ès sciences biologiques Stanislav Drobychevski, maître de conférences à la chaire d'anthropologie de la faculté biologique à l'Université d'État Lomonossov de Moscou.
Une civilisation d'autruches
Les descendants des lézards volants, les oiseaux, ont survécu jusqu'à notre époque et auraient pu évoluer pour devenir des êtres intelligents s'ils avaient renoncé au vol. Ils revendiquaient en effet la «domination mondiale» il y a 65 millions d'années, quand les mammifères étaient encore petits et faibles.
Le retour à un mode de vie terrestre aurait probablement pu donner à l'évolution des oiseaux une nouvelle impulsion si les prédateurs n'avaient pas existé. Quand le danger est absent, l'espèce «se détend» et le cerveau se simplifie. En témoignent par exemple les kiwis, les autruches et les drontes qui ne se distinguent pas particulièrement par leurs capacités intellectuelles, même parmi les oiseaux.
Nos frères les singes
La taille du cerveau des premiers singes anthropoïdes (proconsul africain, Turkanapithecus) était comparable à celle des babouins actuels. Chez eux et chez nos ancêtres, l'évolution se déroulait à la même vitesse, et la superficie relative du cortex frontal associatif était exactement la même que chez l'homme actuellement.
De plus, certains types de babouins sont sortis dans la savane au même moment que les Australopithèques, et l'ont mieux conquise. Du moins, ils ont quitté plus tôt l'Afrique pour s'installer sur toute la planète. Mais contrairement à l'homme, les babouins ont choisi la voie de l'agression et de la hiérarchie stricte dans la meute. Le pouvoir du mâle alpha est pratiquement illimité, et en cas d'insubordination le babouin sort les crocs — qui ont, d'ailleurs, été abandonnés par nos ancêtres alors que leurs conditions de vie étaient similaires. Ce système social fonctionne très bien parce que les babouins, qui ont atteint leur idéal encore au Pliocène, n'ont pas changé anatomiquement pendant plusieurs millions d'années.
Le gorille n'a pas non plus changé car il n'a pas d'ennemis naturels dans la nature. Ce singe, contrairement aux autres primates, n'utilise pas d'outils de travail en milieu sauvage. En revanche, il s'avère parfois plus intelligent que nos parents les plus proches — les chimpanzés. La taille du cerveau des gorilles correspond aux indicateurs les plus bas de l'homme moderne et dépasse ceux des Australopithèques.
Des villes sous-marines de baleines et de dauphins
«La pêche de poisson et de crevettes n'est pas le meilleur stimulant intellectuel. Aussi complexe que soit le fait de prendre au piège un poisson, cela reste une prise au piège. Il y a peu de place pour l'intelligence. La même chose peut être dite des pinnipèdes. La spécialisation nutritive, la transformation des pieds en palmes et du corps en sac de graisse ne contribuent pas au développement de l'intelligence», écrit Stanislav Drobychevski.
Les loutres de mer, elles, pourraient créer une civilisation marine. Ce sont des animaux très sociables, qui possèdent une main préhensile et, par conséquent, une riche activité de travail. Par exemple, pour ne pas rester affamés, ils brisent les oursins et les coquillages avec des galets. La seule chose qui freine pour l'instant le passage des loutres de mer au niveau d'évolution supérieur est qu'elles se sentent trop bien dans leur milieu d'habitat actuel.