Antiracisme ou antipatriotisme? Le sport US s’engage, Nike dans la tourmente

Le sport est vraiment devenu politique aux États-Unis. «Patriotes» et «antiracistes» n’en finissent plus de se disputer le terrain. Récemment, la police du Mississippi a décidé de boycotter Nike, une marque accusée de soutenir des sportifs antipatriotiques. Retour sur une polémique qui dure depuis deux ans.
Sputnik

En 2016, le joueur de football américain Colin Kaepernick refusait de se lever et s'agenouillait durant l'hymne national américain avant un match de la National Football League (NFL). Depuis San Francisco, il allait lancer un vaste mouvement de protestation contre les brutalités policières et les inégalités raciales.

«Je ne vais pas me lever avec fierté pour un pays qui opprime les personnes noires et de couleur. À mes yeux, cette cause est plus importante que le football et ce serait égoïste de détourner le regard», avait affirmé Colin Kaepernick.

Très rapidement, d'autres joueurs de football américain et de différents sports ont commencé à imiter son geste avant les matchs. Petit à petit, le mouvement a pris de l'ampleur. Les grandes stars de la National Basket League (NBA) que sont LeBron James, Carmelo Anthony et Dwyane Wade profiteront notamment de leur popularité pour dénoncer les mêmes injustices.

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Le mouvement suscitera rapidement la colère Donald Trump. Depuis le début de la polémique jusqu'à aujourd'hui, le Président américain critiquera le comportement de ces joueurs protestataires. Il le fera surtout sur Twitter, son moyen de communication préféré. À de nombreuses reprises, Trump accusera les émules de Kaepernick de manquer de respect envers le drapeau américain. Par exemple, en septembre 2017, il écrivait dans le style qui le caractérise:

«Si les fans de la NFL refusent d'assister aux matchs jusqu'à ce que les joueurs cessent de dénigrer notre drapeau et notre pays, vous verrez que la situation changera rapidement. Renvoyez ou suspendez [les joueurs, nldr]!».

​Plusieurs mois avant ce tweet, l'équipe qui employait Kaepernick avait déjà décidé de se séparer de lui. Au terme de la saison 2016, l'organisation a mis fin à son contrat avec l'équipe des 49ers en utilisant une clause échappatoire. Il n'a pas été réengagé depuis par un autre club. Kaepernick poursuit d'ailleurs la ligue pour collusion, croyant avoir été victime d'une sorte de complot visant à l'exclure complètement. Son absence prolongée de la NFL ne l'a toutefois pas empêché de décrocher récemment un lucratif contrat publicitaire.

​Au début du mois, le sportif a été choisi pour être le visage de la dernière campagne publicitaire de la célèbre marque Nike. Une marque à laquelle il était déjà lié depuis 2001. Et pas n'importe quelle campagne: celle qui souligne le trentième anniversaire du slogan «Just do it». Pour l'occasion, Nike a décidé de le placer aux côtés de deux autres personnes noires: la grande joueuse de tennis, Serena Williams, et la star de la NBA, LeBron James.

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Colin Kaepernick, protestataire et icône publicitaire

Sans surprise, Donald Trump a fortement réagi à la nouvelle campagne publicitaire de Nike. Le Président pense que la fameuse marque court à sa perte en s'associant à ce personnage devenu controversé. Sur son compte Twitter, Trump a vivement critiqué la décision de Nike, et la NFL au passage.

«Tout comme la NFL, dont les audiences ont radicalement baissé, Nike se fait littéralement tuer par la colère et les boycotts. Je me demande s'ils [Nike, nldr] avaient l'idée que ça se passerait ainsi. Quant à la NFL, je trouve ça difficile à regarder, et ce sera toujours comme ça, jusqu'à ce qu'elle respecte le drapeau.»

En dehors de ses commanditaires, Colin Kaepernick peut quand même compter sur d'importants appuis. La décision de Nike a notamment été saluée par l'ancien directeur de la CIA et adversaire notoire de Trump, John O. Brennan. Sur Twitter, Brennan a écrit que Colin Kaepernick avait «attiré l'attention sur le problème de l'injustice raciale aux États-Unis» et qu'il ne l'avait pas fait «pour manquer de respect au drapeau, mais plutôt afin de donner du sens aux mots» de la Constitution.

​Signe que cette polémique n'est pas près de s'éteindre, la police du Mississippi vient d'annoncer qu'elle boycotterait Nike. Une nouvelle qui a aussi défrayé la chronique un peu partout en Amérique du Nord. «En tant que commissaire du département de la Sécurité publique, je ne soutiendrai pas les fournisseurs qui n'appuient pas les forces de l'ordre ou nos militaires», a déclaré le commissaire Marshall Fisher, il y a quelques jours.

Manifestement, l'histoire ne fait que commencer.

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