En 2016, le joueur de football américain Colin Kaepernick refusait de se lever et s'agenouillait durant l'hymne national américain avant un match de la National Football League (NFL). Depuis San Francisco, il allait lancer un vaste mouvement de protestation contre les brutalités policières et les inégalités raciales.
«Je ne vais pas me lever avec fierté pour un pays qui opprime les personnes noires et de couleur. À mes yeux, cette cause est plus importante que le football et ce serait égoïste de détourner le regard», avait affirmé Colin Kaepernick.
Très rapidement, d'autres joueurs de football américain et de différents sports ont commencé à imiter son geste avant les matchs. Petit à petit, le mouvement a pris de l'ampleur. Les grandes stars de la National Basket League (NBA) que sont LeBron James, Carmelo Anthony et Dwyane Wade profiteront notamment de leur popularité pour dénoncer les mêmes injustices.
«Si les fans de la NFL refusent d'assister aux matchs jusqu'à ce que les joueurs cessent de dénigrer notre drapeau et notre pays, vous verrez que la situation changera rapidement. Renvoyez ou suspendez [les joueurs, nldr]!».
If NFL fans refuse to go to games until players stop disrespecting our Flag & Country, you will see change take place fast. Fire or suspend!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 24 septembre 2017
Plusieurs mois avant ce tweet, l'équipe qui employait Kaepernick avait déjà décidé de se séparer de lui. Au terme de la saison 2016, l'organisation a mis fin à son contrat avec l'équipe des 49ers en utilisant une clause échappatoire. Il n'a pas été réengagé depuis par un autre club. Kaepernick poursuit d'ailleurs la ligue pour collusion, croyant avoir été victime d'une sorte de complot visant à l'exclure complètement. Son absence prolongée de la NFL ne l'a toutefois pas empêché de décrocher récemment un lucratif contrat publicitaire.
Believe in something, even if it means sacrificing everything. #JustDoIt pic.twitter.com/SRWkMIDdaO
— Colin Kaepernick (@Kaepernick7) 3 septembre 2018
Au début du mois, le sportif a été choisi pour être le visage de la dernière campagne publicitaire de la célèbre marque Nike. Une marque à laquelle il était déjà lié depuis 2001. Et pas n'importe quelle campagne: celle qui souligne le trentième anniversaire du slogan «Just do it». Pour l'occasion, Nike a décidé de le placer aux côtés de deux autres personnes noires: la grande joueuse de tennis, Serena Williams, et la star de la NBA, LeBron James.
Sans surprise, Donald Trump a fortement réagi à la nouvelle campagne publicitaire de Nike. Le Président pense que la fameuse marque court à sa perte en s'associant à ce personnage devenu controversé. Sur son compte Twitter, Trump a vivement critiqué la décision de Nike, et la NFL au passage.
«Tout comme la NFL, dont les audiences ont radicalement baissé, Nike se fait littéralement tuer par la colère et les boycotts. Je me demande s'ils [Nike, nldr] avaient l'idée que ça se passerait ainsi. Quant à la NFL, je trouve ça difficile à regarder, et ce sera toujours comme ça, jusqu'à ce qu'elle respecte le drapeau.»
Just like the NFL, whose ratings have gone WAY DOWN, Nike is getting absolutely killed with anger and boycotts. I wonder if they had any idea that it would be this way? As far as the NFL is concerned, I just find it hard to watch, and always will, until they stand for the FLAG!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 5 septembre 2018
En dehors de ses commanditaires, Colin Kaepernick peut quand même compter sur d'importants appuis. La décision de Nike a notamment été saluée par l'ancien directeur de la CIA et adversaire notoire de Trump, John O. Brennan. Sur Twitter, Brennan a écrit que Colin Kaepernick avait «attiré l'attention sur le problème de l'injustice raciale aux États-Unis» et qu'il ne l'avait pas fait «pour manquer de respect au drapeau, mais plutôt afin de donner du sens aux mots» de la Constitution.
Colin Kaepernick drew our collective attention to the problem of continued racial injustice in America. He did so not to disrespect our flag but to give meaning to the words of the preamble of our Constitution—“in order to form a more perfect union.” Well done, Colin, well done. https://t.co/4ALyUxLjM5
— John O. Brennan (@JohnBrennan) 4 septembre 2018
Signe que cette polémique n'est pas près de s'éteindre, la police du Mississippi vient d'annoncer qu'elle boycotterait Nike. Une nouvelle qui a aussi défrayé la chronique un peu partout en Amérique du Nord. «En tant que commissaire du département de la Sécurité publique, je ne soutiendrai pas les fournisseurs qui n'appuient pas les forces de l'ordre ou nos militaires», a déclaré le commissaire Marshall Fisher, il y a quelques jours.
Manifestement, l'histoire ne fait que commencer.