Corruption en Algérie: des généraux-majors sous le rouleau compresseur de Bouteflika

Le tribunal militaire de Blida a ordonné le retrait de passeport de cinq généraux-majors récemment limogés par le Président Bouteflika. C’est ce qu’a rapporté le site d’information algérien ALG24 en précisant que ces hauts gradés, soumis à une interdiction de quitter le territoire, sont sous le coup de poursuites judiciaires pour corruption.
Sputnik

Sur fond d'enquête sur l'«affaire de la cocaïne» touchant de hauts responsables algériens et leurs proches, et dans le cadre de la lutte contre la corruption, cinq «puissants» généraux-majors, mis récemment à la retraite, ont fait l'objet, le 15 septembre, d'une décision de retrait de passeport émise par le tribunal militaire de Blida. C'est ce qu'a rapporté le site d'information algérien ALG24, dans son édition du 16 septembre, en précisant que les hauts gradés concernés sont sous le coup de poursuites judiciaires.

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Selon le média, il s'agit des généraux-majors «Habib Chentouf, Saïd Bey, Abderrezak Chérif, Menad Nouba et Boudjema Boudouaour». Les trois premiers occupaient les postes stratégiques de commandant en chef des 1ère, 2ème et 4ème Régions militaires, le quatrième était commandant en chef de la Gendarmerie nationale tandis que le cinquième était directeur des finances au ministère de la Défense nationale.

Tout en rappelant que ces militaires sont soumis à une interdiction de quitter le territoire national, le site d'information a indiqué que «le retrait des passeports a été motivé par le fait qu'un des cinq généraux-majors, en l'occurrence Saïd Bey, a violé la mesure d'interdiction de quitter le territoire en effectuant un voyage à Paris.» Selon la même source, ce dernier serait passé inaperçu «en usant d'un petit stratagème, mais la probabilité de l'existence d'une complicité au niveau de l'aéroport d'Alger est de mise.»

Évoquant les raisons pour lesquelles ces officiers de l'armée algérienne sont poursuivis en justice, ALG24 affirme «qu'ils seraient comptables de trafic d'influence et de divers abus de pouvoir». «Les premiers éléments de l'enquête ont d'ailleurs révélé que ces généraux ont accaparé des richesses incommensurables, profitant de leur statut et grade», ajoute le site.

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Selon le même média, citant une source bien informée, le Président Abdelaziz Bouteflika a pris ces décisions suite aux résultats de rapports, qu'il avait lui-même commandés, concernant les grandes fortunes du pays. «Dans ces rapports, on y découvre qu'un nombre important de hauts cadres militaires et civils ont construit des empires de richesse», a confié cette source. «Le Président de la République, Abdelaziz Bouteflika, frappe ainsi d'une main de fer, en ordonnant de ne tolérer aucun responsable, qu'il soit civil ou militaire et quel que soit son grade et son statut, ayant profité de son poste à des fins personnelles», a précisé ALG24.

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En conclusion, le média affirme que les ordres du Président Bouteflika prennent la tournure d'«une véritable purge qui n'épargne personne sur son passage». «Puissant général-major ou haut responsable de l'État, tous sont sous le coup d'une enquête ordonnée par le président de la République», conclut le site.

Le 17 septembre, le Président algérien a encore procédé à un important changement au sein de l'institution militaire. En effet, il a nommé le général Hamid Ghris au poste de secrétaire général du ministère de la Défense nationale, en remplacement du général-major Mohamed Zenakhri limogé, et le général Ali Akroum au poste de chef du département de l'organisation et de la logistique. Le chef de l'État a aussi nommé le général-major Mohamed Tiboudelate à la tête du département du matériel en remplacement du général Ali Akroum.

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Dans le même mouvement, le général Saïd Chengriha, qui occupait auparavant le poste de commandant de la 2ème région militaire, a été nommé commandant des Forces terrestres, en remplacement du général-major Ahcène Tafer. Le général-major Hamid Boumaiza a été nommé commandant des forces aériennes en remplacement du général-major Abdelkader Lounès.

Enfin, le Président de la République algérienne a mis à la retraite plusieurs officiers supérieurs de l'armée, dont le général Bouchentouf Remil, directeur de la caisse de sécurité sociale militaire.

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