Des grenades à main fabriquées en Suisse feraient partie de l’arsenal des terroristes présents dans la province syrienne d’Idlib, a annoncé dimanche l’hebdomadaire suisse SonntagsBlick dans un article consacré à une attaque du groupe Hayat Tahrir al-Cham* (formé de membres de l’ex-branche d'Al-Qaïda*) contre une cellule dormante de Daech* dans le village de Nayrab.
«Ils [Hayat Tahrir al-Cham*, ndlr] ont abattu plusieurs islamistes et pillé leur dépôt d’armes. Le groupe Hayat Tahrir al-Cham* a présenté des photos du butin sur sa chaîne. On voit des bombes artisanales, des fusils, des ceintures d’explosifs et des grenades de fabrication suisse», a indiqué l’hebdomadaire, publiant à son tour une photo des grenades.
D’après Nic Jenzen-Jones, responsable du centre d’analyse australien Ares, «toutes les caractéristiques des grenades à main figurant sur la photo correspondent à celles fabriquées par l’entreprise d’armement suisse RUAG».
RUAG a publié un communiqué confirmant que les grenades prises en photo «pourraient avoir été fabriquées» par le groupe. Selon l’entreprise, ces grenades, qui faisaient probablement partie du lot livré aux Émirats arabes unis en 2003 ou 2004, pourraient ensuite avoir été acheminées illégalement en Syrie.
«RUAG condamne le fait que ces grenades à main aient été transmises à des tiers par son client en violation de la loi et des accords conclus», a indiqué l’entreprise tout en soulignant que seule l’étude des numéros de série des grenades pourrait aider à identifier les armes.
Le groupe suisse a rappelé qu’il y avait déjà eu d’autres cas de transfert illégal de grenades suisses vendues à l’étranger.
En 2012, des médias ont publié des photos où l’on voit des grenades similaires dans les mains de membres de l’Armée syrienne libre (ASL), ainsi que sur une veste d’un terroriste d’Al-Qaïda*. En 2016, des grenades RUAG ont été confisquées à un certain Cendrim R., condamné à une peine de prison pour terrorisme en Turquie, d’après SonntagsBlick.
*Organisation terroriste interdite en Russie