A qui profite la déstabilisation de la situation syrienne et quelles pourraient être les conséquences d'une intervention militaire des États-Unis?
Une méthode bien huilée
Le conseiller du Président américain à la sécurité nationale John Bolton a qualifié ces manœuvres de «réponse décisive» aux plans du régime syrien de relancer l'offensive dans la province d'Idlib. Il a laissé entendre que si Bachar el-Assad y utilisait l'arme chimique, il serait confronté à une frappe de missiles bien plus puissante que les précédentes — faisant certainement allusion à l'attaque plutôt ratée d'avril.
Le ministère russe des Affaires étrangères a qualifié les déclarations des représentants américains de «menace» et d'«ultimatum». Le vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Riabkov a souligné que l'Occident maintenait la ligne visant à déstabiliser la situation en Syrie afin de changer le pouvoir à Damas. «Nous sommes prêts à une telle éventualité et nous dénonçons ces plans. Mais l'histoire, y compris récente, ne semble pas avoir servi de leçon aux Américains, et à présent nous assistons à une nouvelle exacerbation de la situation», souligne le vice-ministre.
Des arguments de poids
Ce n'est pas la première fois que les Américains ont recours à de telles provocations. Ainsi, le 4 avril 2017, l'opposition syrienne avait accusé les autorités de l'attaque chimique dans la ville de Khan Cheikhoun, dans la province d'Idlib. Les terroristes avaient rapporté 80 morts et 200 blessés. Sans chercher à comprendre ni fournir de preuves de la culpabilité de l'armée syrienne, les Américains avaient attaqué la base militaire syrienne d'Al-Chaayrate.
Le raid nocturne a duré une heure et demie. Plus de 100 missiles de croisière ont été tirés contre la Syrie par les alliés, mais la majeure partie d'entre eux a été abattue par la défense antiaérienne syrienne dotée de systèmes de l'époque soviétique — notamment S-125 Petchora-2M, S-200, Bouk et Kvadrat.
«Pendant l'attaque précédente d'avril, la frappe principale visait les sites considérés par les Américains comme étant impliqués dans le programme chimique syrien. Mais les Syriens les avaient fermés il y a plusieurs années, comme l'ont confirmé les inspecteurs de l'Onu. La frappe de la coalition était donc pratiquement un coup dans le vide. La défense antiaérienne syrienne a pu intercepter une grande partie des missiles uniquement parce que les frappes visaient un faible nombre de sites plutôt bien protégés. Une nouvelle attaque pourrait être plus dangereuse pour la Syrie et faire de nombreuses victimes», déclare Iouri Liamine.
Des bâtons dans les roues
Le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou a déclaré que ces négociations visaient un règlement pacifique, comme ce fut le cas dans les provinces de Deraa et de la Ghouta orientale. Les militaires russes ont réussi à persuader les terroristes de rendre des milliers de chars, de canons d'artillerie et de lance-roquettes multiples (LRM).
Comme le montrent les récents événements, la Maison Blanche et les dirigeants européens sont prêts à recourir à l'ancienne méthode — à savoir les provocations et les fakes — pour attiser la situation. Il se pourrait que les fameux Casques blancs participent également à la mise en scène d'une attaque chimique en filmant les prétendues souffrances de la population civile — en réalité simulées — et des enfants en pleurs. Ils publieront ces images sur internet, après quoi les dirigeants occidentaux les brandiront pour prouver leur justesse et pour justifier les nouvelles frappes.
*Organisation terroriste interdite en Russie