Le spectre du choléra hante le Maghreb: alors que l'Algérie a officiellement déclaré l'épidémie jeudi 23 août, le Maroc et la Tunisie ont élevé leur niveau d'alerte pour parer à toute propagation de cette maladie contagieuse et potentiellement mortelle.
Les cas présentant des symptômes pouvant être assimilés à ceux du choléra feront l'objet de contrôles poussés, poursuit le journal marocain, citant la même source. Pour sa part, le ministre de la Santé, Anas Dakali, entend, dès le début de la semaine, adresser une circulaire à toutes les directions de son département, en demandant aux cadres sanitaires de renforcer la vigilance et la sensibilisation, relate cette fois, le site 360.ma, proche du pouvoir, citant une source gouvernementale.
En Tunisie, qui a accueilli, depuis le début de l'année 2,4 millions d'Algériens, le ministère de la Santé a publié un communiqué appelant la population à éviter des comportements à risque. Par ailleurs, le ministère est en train de
«Renforcer ses activités de prévention, notamment celles en rapport avec le contrôle sanitaire des eaux potables et des aliments, des eaux usées et de l'environnement, pour […] prescrire les procédures à suivre et les mettre en application, et ce en collaboration avec les autorités et les services concernés par la protection de la santé publique», souligne le Ministère de la Santé, en précisant que l'investigation épidémiologique menée par ses services n'a permis d'enregistrer aucun cas en Tunisie.
«La situation en Algérie demeure sous contrôle», tempère, également, le ministère tunisien de la Santé, d'autant plus qu'il ne s'agit que de «cas isolés».
Malgré ces réassurances et la mobilisation des systèmes de veille sanitaire dans les deux pays, l'inquiétude restait palpable dans la rue tunisienne comme marocaine.
L'inquiétude n'empêchera pas des internautes d'exprimer leur soutien avec leurs voisins algériens.
En Tunisie, les craintes se fondent particulièrement sur la nature des liens avec l'Algérie (flux humains, commerce dans les régions transfrontalières, cours d'eau transfrontaliers), mis en perspective avec les modes de transmission multiples de l'épidémie. D'autre part, la résurgence de l'épidémie en Algérie intervient alors que la performance du ministère de la Santé en Tunisie a été remise en cause, par une grande partie de l'opinion publique, sur fond de l'affaire de pénurie de médicaments.
«Donc, la situation est pour le moins qu'on puisse dire sérieuse, sinon inquiétante! Et pour faire face à ce risque, qu'a fait notre ministère de la Santé? Rien, ou presque! Sauf, peut-être une ou deux sorties médiatiques pathétiques de pseudo-responsables du ministère.», peste l'auteur de l'article «Le choléra à nos portes».
«Le choléra à nos portes» s'émeut cette fois-ci un article marocain.
Signes ne trompant pas sur le début d'une psychose, la multiplication des rumeurs. En Tunisie, de «premiers cas» sont déclarés au Kairouan (Centre) ou au Kef (Ouest-frontalier avec l'Algérie), poussant les autorités à apporter des démentis catégoriques.
Côté algérien, le renforcement des contrôles aux frontières a laissé courir le bruit de l'imposition d'une attestation médicale «Choléra Free» à l'entrée de la Tunisie. Une rumeur démentie en bloc par le ministère tunisien des Affaires étrangères, contacté par Sputnik. «Ce n'est pas la Tunisie qui ferait ça», a commenté, pour sa part, une source aux Affaires étrangères algériennes, citée par le journal «Anbaa Tounes».
Le choléra est une maladie diarrhéique aiguë, provoquée par une bactérie, le Vibrio cholerae. Ses principaux symptômes sont des vomissements, de violentes diarrhées et des douleurs abdominales. Dans près de la moitié des cas, elle entraîne la mort si aucun traitement n'est dispensé à temps. Chaque année, elle tue jusqu'à 143.000 personnes dans le monde, sur près de 4 millions de cas recensés, principalement dans les pays où sévissent les guerres, la pauvreté et les catastrophes naturelles.
Le dernier cas confirmé du choléra en Algérie remonte, quant à lui, à 1996. En juin 2003, la banlieue d'Oran connut même 14 cas de peste bubonique, provoquant ainsi la mise en quarantaine d'un village entier, comptant 1.200 personnes. Des carences au niveau du système de santé, mais aussi la défaillance des autorités locales à assurer des conditions d'hygiène correctes dans leurs circonscriptions respectives, sont régulièrement relevées.