Les chercheurs pensent aujourd'hui que le système immunitaire parvient en général à lutter contre les tumeurs primaires dont les cellules se trouvent toujours à l'intérieur d'elles. Quand les cellules acquièrent la possibilité de se mouvoir de manière autonome, surviennent des métastases que le système immunitaire ne voit pas — pour une raison qu'on ignore — et ce dernier ne tente pas de tuer les cellules cancéreuses. Selon les statistiques des services médicaux américains, près de 90% des morts de malades atteints du cancer sont dues aux métastases.
Tout cela, poursuit Michael Morgan, n'explique pas du tout pourquoi les cellules métastatiques ne meurent pas dans d'autres organes où règne un environnement complètement différent, et pourquoi beaucoup d'entre elles deviennent invulnérables à plusieurs types de chimiothérapie.
Il s'avère que de nombreux types de métastases peuvent être détruits en utilisant la chloroquine et d'autres produits qui sont utilisés aujourd'hui pour soigner la malaria. Tous ces produits découverts par les chercheurs ont une propriété en commun: ils répriment le travail des lysosomes — des organites cellulaires particuliers où les parasites de malaria, ainsi que les cellules saines et cancéreuses de l'homme, brûlent les déchets de protéine.
Cela a induit les chercheurs à l'idée que les lysosomes jouaient un rôle particulièrement important dans la vie des tumeurs métastatiques. Ils ont vérifié cette hypothèse en remplaçant l'ADN des cellules cancéreuses ordinaires de sorte que l'activité des lysosomes y augmente considérablement.
Selon Michael Morgan et ses collègues, il est possible d'utiliser cette dépendance peu ordinaire pour combattre les métastases et isoler les tumeurs cancéreuses en les traitant avec de la chloroquine et d'autres produits aux propriétés similaires. Dans ce cas, la tumeur ne disparaîtra pas mais cessera de se propager de manière incontrôlée dans l'organisme, ce qui permettra aux chirurgiens de la supprimer et de sauver la vie du patient.