Canada: un ex-ministre fédéral remet en cause le multiculturalisme

C’est la controverse de l’heure au Canada. Peu après le déboulonnage de la statue d’un père fondateur du Canada, un ancien ministre fédéral a remis en question le multiculturalisme. Il n’en fallait pas plus pour mettre le feu aux poudres dans cet eldorado nordique. Sputnik dresse le bilan de la situation.
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Le député québécois et ancien Ministre des Affaires étrangères du Canada (2007-2008), Maxime Bernier, se retrouve actuellement au cœur d'une autre controverse au Canada. Une autre controverse, car l'élu n'en est pas à sa première polémique dans les médias.

Statues déboulonnées: quand le Canada rejette ses pères fondateurs
Reconnu pour son indépendance d'esprit, Maxime Bernier a souvent fait les Unes. Que ce soit pour le choix des chansons de ses campagnes publicitaires ou pour ses positions ultralibérales en économie.

Quoi qu'il en soit, lundi dernier, M. Bernier a publié 6 tweets dans lesquels il a exprimé sa vision du multiculturalisme. Le député fédéral n'a pas caché sa crainte de voir les nouveaux arrivants se replier sur leur culture et non adopter les valeurs canadiennes.

Maxime Bernier a affirmé que l'idéologie du multiculturalisme divisait la population canadienne en une multitude de «tribus» et pouvait engendrer des «conflits sociaux et potentiellement la violence». M. Bernier a évoqué un phénomène de «balkanisation» du pays, faisant référence à la ghettoïsation des communautés culturelles que favoriserait cette idéologie.

Tribus, ghettoïsation et violence au Canada?

Dans ses tweets, M. Bernier réagissait apparemment à un discours du Premier ministre Trudeau prononcé le 10 août à Toronto, dans lequel ce dernier a réaffirmé l'importance de protéger la diversité culturelle au Canada. Justin Trudeau a fait de la promotion du multiculturalisme l'un de ses principaux engagements.

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De fait, depuis son entrée en fonction en novembre 2015, le jeune Premier ministre a multiplié les déclarations en faveur des autres cultures. La même année, Trudeau a qualifié le Canada de premier pays «postnational» dans une entrevue accordée au New York Times. Une déclaration qui avait beaucoup choqué dans certains milieux politiques et intellectuels. Autant au Québec qu'au Canada anglais.

Plus récemment, en février 2018, Justin Trudeau a aussi été vivement critiqué au Canada pour son dernier voyage en Inde. Durant ce périple, il avait revêtu divers habits traditionnels de ce pays avec les membres de sa famille.

Les costumes de Trudeau ont fait le tour du monde en photos, et son voyage a été vu comme un échec total sur le plan diplomatique. Le comportement du Premier ministre a tellement été moqué que sa cote de popularité avait chuté à son retour de voyage.

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Bien évidemment, la sortie de Maxime Bernier sur le multiculturalisme n'est pas passée inaperçue. Ce qui était probablement l'objectif du politicien expérimenté. D'est en ouest du pays, nombreux ont été les chroniqueurs de gauche et de tendance libérale à s'indigner de ses récentes déclarations. Par exemple, dans le Journal Le Soleil de la Ville de Québec, le chroniqueur Pierre Asselin a écrit:

«Ce n'est pas du racisme. M. Bernier ne prône pas la supériorité d'une race sur une autre ni la domination d'un groupe ethnique sur les autres. C'est juste de la xénophobie…Et c'est tout aussi répugnant.»

Un député du Parti libéral du Canada a exigé que Maxime Bernier soit exclu de son caucus.

Mercredi dernier, le secrétaire parlementaire du Ministre du Patrimoine canadien et du Multiculturalisme, Arif Virani, a envoyé une lettre au chef du Parti conservateur, Andrew Scheer, pour lui demander de sanctionner M. Bernier.

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M. Scheer, le chef de l'opposition officielle, n'a pas écarté Maxime Bernier du parti, mais il s'est finalement dissocié de ses propos sous la pression.

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En contrepartie, Maxime Bernier a aussi reçu des appuis de taille, certains provenant de membres des communautés culturelles.

Le célèbre journaliste et fondateur du Congrès musulman canadien, Tarek Fatah, a donné son appui au député conservateur. Sur Twitter, M. Fatah a affirmé que ses déclarations «reflétaient les pensées des Canadiens, et en particulier de ceux qui avaient fui des cultures d'oppression» entretenues dans des sociétés basées sur le «suprématisme racial et religieux».

Rappelons que c'est le père de Justin Trudeau, Pierre-Elliott Trudeau, qui a fait du multiculturalisme l'un des grands principes canadiens. En 1982, le multiculturalisme a même été intégré à la Constitution du Canada sous son gouvernement. Aujourd'hui, Justin Trudeau semble prêt à tout pour protéger l'héritage de son père.

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