Effondrement d’un viaduc en Italie: pourquoi la tragédie a-t-elle été possible?

Un viaduc construit à la fin des années 1960 s’est partiellement écroulé ce mardi tuant au moins 35 personnes, mais ouvrant aussi des débats sur les causes de ce drame et l’état général des infrastructures.
Sputnik

L'effondrement meurtrier de Gênes a choqué ce mardi toute l'Italie et bien au-delà de ses frontières. Une section d'environ 80 mètres de long du pont Morandi, sur l'autoroute A10 qui mène à la frontière avec la France, s'est effondrée vers 11h30 (09h30 GMT) alors qu'un violent orage s'abattait sur la région de Gênes.

La tragédie a emporté d'un seul coup la vie d'au moins 35 personnes, selon un bilan encore provisoire communiqué dans la soirée par les pompiers, mais a également relancé les débats concernant la maintenance des infrastructures du pays.

Par miracle: un chauffeur de camion survit à l’effondrement d’un viaduc en Italie (vidéo)
Le nouveau gouvernement au pouvoir depuis le mois de juin à Rome s'est immédiatement dit conforté dans l'idée que l'Italie devait dépenser davantage pour ses infrastructures, quitte à ne pas respecter les règles budgétaires fixées par l'Union européenne, relate Reuters.

«Nous devrions nous demander si le respect de ces limites [de déficit budgétaire, ndlr] est plus important que la sécurité des Italiens. De toute évidence ce n'est pas le cas», a déclaré Matteo Salvini à des journalistes pendant un déplacement en Sicile.

Le secrétaire d'État aux Infrastructures et aux Transports, Edoardo Rixi, issu comme Salvini de La Ligue, a renchéri sur le même thème: «Les habitants de Gênes empruntent ce pont deux fois par jour. Nous ne pouvons pas vivre avec des infrastructures construites dans les années 1950 ou 1960», a-t-il déclaré à la chaîne SkyNews24.

L’effondrement d’un viaduc près de Gênes
Contacté par Sputnik, Andrea Prota, professeur de techniques de construction à l'université de Naples Frédéric II rappelle un autre effondrement survenu en 2016, quand un pont s'est écroulé entre Milan et Lecco, faisant un mort et cinq blessés.

«Nous avons un réseau routier et d'infrastructure qui a son âge. Je dirais que 50 ans, ce n'est pas beaucoup, mais pas peu. Comme c'est le cas des voitures, les ponts et les bâtiments doivent aussi être soumis à des contrôles et observés. Tous les ponts de grands opérateurs, tels que Anas et Autostrade, sont soumis à des protocoles très stricts», explique-t-il.

Le professeur appelle à garder son calme, rassurant de la sécurité des infrastructures, mais évoque tout de même des problèmes de gestion des fonds destinés à l'entretien.
«De toute évidence, les infrastructures qui sont si critiques au fil du temps se détériorent, s'il y a des ponts, il y a aussi l'aspect de l'augmentation du trafic. À mon avis, ce sont des cas individuels et non un problème général», poursuit-il.

La cause éventuelle de l’effondrement du viaduc à Gênes évoquée par les médias
Et de conclure: «Ce qui s'est passé est très grave et très triste. Nous attendons l'enquête qui aidera à comprendre les causes de l'accident».
Le ministre des Transports, Danilo Toninelli, a promis à la télévision que toute la lumière serait faite sur les causes du drame de Gênes. «Ce genre de tragédie ne peut pas se produire dans un pays civilisé», a-t-il dit.

Le ministre a promis que les responsables de l'accident devraient «rendre des comptes», en particulier si l'enquête démontre un défaut d'entretien de l'édifice.

«La maintenance passe avant tout», a-t-il insisté, ajoutant qu'elle relevait de la responsabilité de son opérateur et que le gouvernement se constituerait partie civile si le drame donne lieu à un procès.

L'opérateur de l'A10, Autostrade per Italia, a rappelé pour sa part que d'importants travaux de rénovation avaient été menés sur le viaduc en 2016.

Discuter