Algérie: malgré les 2 millions d’euros saisis, l’évasion fiscale saigne l’économie du pays

En l’espace de 2 jours, les douanes et la police aux frontières algériennes ont saisi plus de 2 millions d’euros qui partaient vers l’étranger. Suite à cette saisie, le directeur général de la Sûreté nationale a félicité le directeur général des douanes. Cependant, au vu des sommes ayant déjà quitté l’Algérie, beaucoup reste à faire en la matière.
Sputnik

Le colonel Mustapha El-Habiri, le directeur général de la Sûreté nationale (DGSN), a adressé un message de félicitations au directeur général des Douanes algériennes, Farouk Bahamid, mettant en avant l'efficience de la coordination entre tous les services de sécurité pour lutter efficacement contre le crime transfrontalier. Ce message fait suite à la saisie, le 1er août, d'une somme de 2 millions d'euros par les agents des douanes algériennes au poste frontalier avec la Tunisie de Betita dans la wilaya de Tébessa au sud-est de l'Algérie. C'est ce qu'a indiqué un communiqué de la DGSN, le 1er août, cité par l'Agence Presse Algérie (APS) dans son édition du 2 août.

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Le chef de la police algérienne a évoqué dans son message de félicitations «la vigilance et le professionnalisme» des agents des douanes algériennes, insistant sur le fait que «la coordination efficace entre les services de sécurité est le seul rempart contre le crime transfrontalier».

Cette opération de saisie de la somme de 2 millions d'euros à la frontière algéro-tunisienne est intervenue deux jours seulement après celle de l'aéroport international d'Alger où 212.400 euros avaient été récupérés par les agents de la police aux frontières sur un voyageur en direction de la Turquie. Le 29 Juin 2018, une passagère de nationalité syrienne en partance pour Dubaï via Istanbul avait été appréhendée elle aussi à l'aéroport d'Alger, par les services de la police algérienne avec 450.000 euros dans une valise, avait relaté le site d'information Algérie Part.

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Bien que les deux sommes saisies cette semaine par les services des douanes et de la police des frontières algériennes constituent un important butin, elles ne représentent cependant qu'une toute infime partie de l'argent qui sort chaque année du pays vers l'étranger. Dans ce cadre, Ali Benouari, ancien ministre délégué au Budget dans le gouvernement de Sid Ahmed Ghozali (1991-1992), ne rate en sa qualité d'expert international reconnu dans le domaine de la finance pratiquement aucune occasion pour alerter l'opinion publique algérienne sur le danger que fait peser la question des fuites de capitaux vers l'étranger sur l'économie nationale.

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L'une des interventions médiatiques les plus marquantes de l'ancien ministre fut l'entretien qu'il a accordé le 10 février 2015 au quotidien algérien El Watan. Cette intervention faisait suite au scandale, connu sous le nom de SwissLeaks, ayant ébranlé la filiale suisse de la banque britannique HSBC, la HSBC Private Bank, épinglée dans une opération de fraude fiscale dans laquelle 100.000 personnes à travers le monde et pas moins de 440 personnalités liées à l'Algérie (ayant placé dans cette banque un total de 671,1 millions de dollars) étaient mêlées, selon le journal Le Monde dans son édition du 8 février 2015.

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«Les révélations sur les fortunes algériennes qui sont contenues dans des comptes de la HSBC à Genève ne m'étonnent pas, étant donné qu'il est de notoriété publique que ces fortunes seraient beaucoup plus importantes que ce que l'on pense», avait alors déclaré l'ancien responsable du budget. «L'évasion fiscale, tant à l'intérieur du pays que vers l'extérieur, est à la mesure de la corruption dans les marchés publics, mais aussi à la mesure du marché informel qui représente 50% du produit intérieur brut. L'argent qui est à l'étranger provient des pots-de-vin et de la surfacturation essentiellement», avait-il ajouté.

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Évaluant approximativement les montants d'argent en devise forte ayant été transféré à l'étranger, M.Benouari avait affirmé que «les estimations des fonds placés à l'étranger, liés à la corruption et à la surfacturation, dépasseraient les 100 milliards de dollars depuis le début des années 2000, tandis que les fortunes algériennes établies à l'étranger seraient de près de 200 milliards de dollars». «Ce phénomène va en augmentant, favorisé essentiellement par les montants importants investis dans les marchés publics et par les années du pétrole cher. C'est un scandale dont on n'a pas fini de parler», avait-il souligné.

En conclusion, l'ancien ministre avait souligné qu'«il y a trois sources d'évasion fiscale de l'Algérie vers l'étranger; celle qui vient du marché noir, la surfacturation des produits importés et les pots-de-vin.»

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