«Engagement tenu»: le 30 juillet, l'Assemblée nationale a définitivement approuvé l'interdiction des portables à la maternelle, à l'école primaire et secondaire, sauf dans un nombre de cas d'usage limités.
Alors qu'on aspire à remédier à l'addiction des élèves aux écrans, Peter Twining, professeur en sciences de l'éducation à l'Université publique de Milton Keynes, en Angleterre, a expliqué à Sputnik qu'en interdisant l'utilisation des portables en classe, les écoliers seraient privés de plusieurs autres options utiles.
«Les téléphones portables ne sont pas simplement des téléphones. Ils donnent aux élèves la possibilité de se servir de dictionnaires électroniques, magazines, cartes, manuels de référence, outils scientifiques et musicaux grâce aux applications. Les chefs d'établissement ne devraient pas rêver de bannir ces possibilités du milieu scolaire», a-t-il affirmé, alors que le sujet fait aussi l'objet d'une vive polémique au Royaume-Uni.
Depuis l'approbation de la loi en France, le sentiment dominant dans la société, dont certains membres s'expriment sur les réseaux sociaux, apparemment et ironiquement via leur smartphone, semble être celui de la perplexité. Perplexité face à l'interdiction qui s'inscrirait plutôt avec peine dans l'ère des technologies numériques où l'école assume toujours la tâche de préparer l'enfant à sa vie professionnelle ultérieure, impensable sans le numérique.
En même temps, la crainte répandue concerne le fait que les enfants sauront de toute façon contourner cette nouvelle interdiction:
«Bannir les smartphones ne va pas mettre fin à leur utilisation, mais va tout simplement pousser à les utiliser en cachette. Il sera mieux que les appareils soient visibles sur les bureaux plutôt que cachés en-dessous. De cette manière, les enseignants pourront savoir si les portables sont utilisés en dehors du processus d'apprentissage», a précisé M.Twining.
Se servir des smartphones dans le cadre des études?
Bien que la problématique universitaire soit différente, le président de l'Université de Caen Normandie, Pierre Denise, a précisé de son côté comment les étudiants — et les professeurs aussi — pouvaient profiter des smartphones en milieu éducatif.
«Plutôt que d'interdire l'usage des dispositifs connectés (certains collègues en rêvent et demandent même l'installation de brouilleurs), il me semble plus pertinent d'encourager leur utilisation de manière interactive au cours des enseignements (quizz, sondages, possibilités pour des étudiants de poser des questions en temps réels, etc.).»
Plusieurs de ses collègues ont de fait l'expérience de l'utilisation de smartphones lors des cours. Premièrement, lors des tests (non notés) ou sondages lors de cours ou d'enseignement dirigé (ED), certains utilisent le système institutionnel Quiz module ou un système spécifique. Deuxièmement, les smartphones donnent la possibilité aux étudiants de poser des questions sans interrompre le cours.
«Nous devrions également les intégrer dans un système de télé-enseignement ou des étudiants qui suivraient les cours à distance pourraient ainsi interagir avec l'enseignant».
Enfin, M.Denise a souligné la «portée symbolique» de l'interdiction, introduite à l'initiative du ministre de l'Éducation Jean-Michel Blanquer.
«Le code de l'éduction interdisait déjà l'usage du téléphone non seulement pendant les heures d'enseignement, mais également sur d'autres temps scolaires en fonction du règlement (récréation, pause déjeuner…). Cette loi ne change donc pas grand-chose en pratique», a-t-il résumé.
Le texte actuel donne par ailleurs d'importantes précisions quant aux cas d'exception: ce sont le handicap ou la maladie, l'emploi à des fins «pédagogiques» définies par l'établissement lui-même et dans les endroits spéciaux également établis par le règlement intérieur.