Jouets, lions de mer, sodas… Quel lien avec la marine de guerre?

Une bataille prise pour un feu d’artifice, un jouet populaire créé par hasard par un ingénieur naval… L’histoire de la Marine mondiale compte plusieurs faits intéressants qui restent souvent méconnus. Voici 10 histoires que vous ignoriez probablement.
Sputnik

Fin juillet, la Russie célèbre le Jour de la Marine. Une occasion pour Sputnik de rappeler 10 épisodes amusants de l’histoire de la Marine mondiale.

Comment la société Pepsi aurait-elle contribué au désarmement de l’URSS?

La marque américaine de boissons gazeuses Pepsi a entretenu une relation longue et insolite avec l'Union soviétique.

Une bouteille de Pepsi

Elle a notamment longtemps troqué avec l’URSS de la vodka Stolichnaya contre du concentré Pepsi. Toutefois, la consommation de Stolichnaya aux États-Unis était élevée, mais assez stable, alors que Pepsi souhaitait augmenter ses ventes sur le marché soviétique.

Les festivités consacrées à la Journée de la Marine russe
En 1989, Pepsi a signé un nouveau contrat avec l’URSS. Au lieu des dollars, les Soviétiques devaient payer les sodas en navires de guerre. L'entreprise a obtenu 17 vieux sous-marins, une frégate, un croiseur et un destroyer qu’elle a vendus à la casse.

À l’époque, les États-Unis et l’URSS menaient des négociations sur le désarmement. «Regardez, nous désarmons l’Union soviétique plus vite que vous», aurait plaisanté Donald Kendall, chef de la division internationale de Pepsi, lors d’un entretien avec le conseiller à la sécurité nationale de George H. W. Bush, Brent Scowcroft, d’après le journal The New York Times.

La bataille ayant opposé les Français aux Britanniques pendant la 2e Guerre mondiale

Après l’armistice du 22 juin 1940 entre la France et l’Allemagne, le Royaume-Uni craignait que la flotte française tombe entre les mains de l’Axe, ce qui aurait remis en cause la suprématie maritime britannique.

Défilé naval à Saint-Pétersbourg à l'occasion du Jour de la marine russe (vidéo)

Le 3 juillet 1940, une semaine avant la remise des pouvoirs au maréchal Pétain, l’unité H de la Marine britannique s’est approchée de la base de Mers el-Kébir, dans le golfe d’Oran, en Algérie, où une partie de l’escadre française se préparait déjà à la démobilisation. L’amiral Somerville a adressé un ultimatum au vice-amiral d'escadre Marcel Gensoul de livrer tous ses navires ou de les saborder ou de les éloigner, avec un délai de six heures pour commencer à s'exécuter.

Attaque de Mers el-Kébir

L'attaque britannique a fait près de 1.300 morts chez les marins français. Le cuirassé Bretagne a chaviré et coulé lors de l'attaque du 3 juillet, avec 997 morts. Les Britanniques n’ont perdu que deux pilotes.

Les marins français n’ont pas permis aux forces de l’Axe de prendre le contrôle de leurs navires. En 1942, lorsque l'Allemagne a violé la convention d'armistice en envahissant la zone libre, ils ont sabordé 77 bâtiments de guerre dans le port de Toulon.

Quelle bataille navale a été prise pour un feu d’artifice par une des parties?

Pendant la guerre hispano-américaine de 1898, parfois désignée en Espagne sous le nom de désastre de 98, le croiseur protégé américain Charleston et trois paquebots transportant des troupes sont arrivés à Guam, dans le Pacifique, pour hisser le drapeau américain sur l’île, alors possession espagnole. S’approchant de Guam le 20 juin 1898, les marins américains n’ont vu qu’un bateau civil japonais dans la baie. Ils ont tiré un coup de semonce contre le fort Santa Cruz. Mais comme cette salve n’a pas porté préjudice à la forteresse, Pedro Duarte Andujar, assistant du gouverneur Don Juan Marina, qui ne savait pas que son pays était en guerre contre les États-Unis, a décidé qu’il s’agissait d’un salut du navire américain, d’après le site Spanamwar.com.

Qui écrit l’histoire mondiale? Ces provocations au nom de la guerre
Plusieurs représentants des autorités espagnoles se sont rendus à bord du croiseur pour se renseigner de l’état de santé des membres d’équipage et s'excuser de n'avoir plus de poudre à canon pour retourner le salut supposé! Ils ont appris stupéfaits qu’ils étaient désormais des prisonniers de guerre. Des négociations sur les modalités de reddition de Guam ont commencé.

Le lendemain, la reddition de l'île est reçue par une compagnie de débarquement envoyé à terre de l’USS Charleston. Le gouverneur espagnol Don Juan Marina et la garnison de l'île de 56 soldats sont faits prisonniers.

L’Espagne a ainsi perdu Guam et les États-Unis se sont dotés de leur premier territoire dans le Pacifique.

Le résultat inattendu de recherches navales

En 1943, l’ingénieur naval Richard Thompson James, qui cherchait un moyen de suspendre des appareils de mesure très délicats sur des torpilleurs de la marine américaine en cas de très forte tempête, a par hasard inventé un nouveau jouet.

Le jouet à ressort Slinky

L'un des dispositifs de suspension, un ressort hélicoïdal de près d'une centaine de spires en fil plat, lui a échappé des mains, tombant par terre et rebondissant sur le parquet. L’ingénieur a compris que cela pourrait être un excellent jouet. Pendant un an, il a mené des expériences en utilisant plusieurs types de fil d’acier, avant de trouver la variante idéale.

En 1945, son épouse Betty a inventé le nom du jouet, le Slinky, ce qui est un synonyme de stealthy, sleek et sinuous (furtif, lisse et sinueux en anglais).

Un coup de main donné par les Russes aux marins américains

La Russie a envoyé ses escadres de l’Atlantique et du Pacifique à New York et San Francisco pendant la guerre civile aux États-Unis en 1863. Les escadres chargées d’aider les forces de l’Union (Nord) ont passé l’hiver dans ces deux ports.

Contrôle ou coopération: des navires militaires US dans les ports russes?
Selon certains historiens, l’arrivée des escadres russes a été un facteur important qui a empêché l’Angleterre et la France de soutenir les Confédérés (Sud).

En plus, la présence des navires russes non loin des routes maritimes commerciales anglaises et françaises aurait été un atout de plus si Londres et Paris soutenaient l’insurrection polonaise de 1863, d’après l’ouvrage de Thomas Bailey, «Notes and Documents: The Russian Fleet Myth Re-Examined»

Les premiers animaux marins à servir sous les drapeaux

On connaît les programmes militaires soviétiques et américains d’entraînement de dauphins, mais les dauphins n’ont pas été les premiers animaux marins à devenir soldats. L’Empire russe a mené des expériences dans ce domaine.

Un lion de mer de Steller

En 1915, le célèbre dresseur d’animaux et fondateur d’une dynastie de cirque russe Vladimir Dourov, a proposé à l’état-major général d’apprendre aux lions de mer d’Extrême-Orient à rechercher des mines. Selon lui, ces animaux intelligents pourraient neutraliser les mines et détruire les sous-marins au bout d’un cours d’entraînement de seulement quelques mois.

Une piscine a été secrètement aménagée dans le sous-sol de la maison de M.Dourov à Moscou. Les lions de mer de Steller s’y entraînaient en utilisant des maquettes de mines grandeur nature. Leur mission était de couper un câble en acier retenant la mine sur place, au moyen de ciseaux pneumatiques spéciaux. Une vingtaine d’animaux ont passé ce cours de formation, mais quand il était déjà temps d’en informer l’état-major, ils sont morts en quelques jours. Selon une hypothèse, un agent secret allemand qui se serait infiltré dans l’entourage du dresseur aurait mis du poison dans la nourriture des lions de mer.

Avoir une Marine de guerre sans avoir accès à la mer

La Marine qui ne voit jamais la mer est celle de la Bolivie. Le pays a perdu son accès à la mer pendant la guerre du Pacifique en 1879, cédant sa partie de la côte pacifique au Chili. Mais la Bolivie continue de commémorer chaque année le 23 mars la perte de sa façade pacifique. Pendant le Jour de la mer, elle demande à récupérer les côtes perdues.

Sa Marine est principalement composée de vedettes qui patrouillent les grandes rivières frontalières affluentes de l’Amazone, pour lutter contre le trafic, de drogues ou autres.

Caserne des forces navales boliviennes sur le lac Titicaca

Le pays a également accès au bassin de la Plata via Puerto Busch sur le Rio Paraguay. Il y a aussi une présence navale bolivienne sur le lac Titicaca, le plus haut lac navigable au monde, lac partagé en son milieu par la frontière péruvienne.

Le sort de 7 tonnes d’acier recueilli après l’effondrement du WTC à New York

L’acier provenant des décombres des tours jumelles du World Trade Center, détruites lors des attaques terroristes du 11 septembre 2001, a servi à fabriquer la proue d’un navire de guerre. L'USS New York (LPD-21) a été construit sur des chantiers navals de Louisiane avec 24.000 tonnes d'acier, dont 7,5 tonnes provenant du World Trade Center. La devise du navire destiné principalement au transport de troupes est «NEVER FORGET».

USS New York

Le navire comporte deux tours qui évoquent celles du WTC, mais de forme octogonale pour être moins facilement détectées par les radars.

Livré à l’US Navy le 21 août 2009 à La Nouvelle-Orléans, le navire est arrivé en novembre de la même année à New York, où il a été accueilli notamment par des familles des victimes des attentats du 11 septembre 2001, d'après les médias.

Les ouvriers de la fonderie Amite Foundry and Machine ont admis avoir traité l’acier avec le respect accordé d'habitude à des reliques sacrées. Un ouvrier a même retardé son départ à la retraite après 40 ans de travail pour pouvoir participer à ce projet, d’après le site Politiquesh.fr.

Bataille du typhon

À la fin du XIXe siècle, une guerre civile a éclaté sur les îles Samoa, dans le Pacifique. Les États-Unis, l’Allemagne et le Royaume-Uni, qui se disputaient l’influence dans la région, y ont envoyé de grands navires militaires. Pendant plusieurs mois, trois navires de guerre américains, l'USS Vandalia, l'USS Trenton et l'USS Nipsic et trois navires de guerre allemands, les SMS Adler, Olga et Eber, se sont observés à distance dans le port d’Apia, la capitale des Samoa. Ils ont été rejoints par un navire britannique, le HMS Calliope.

Le navire SMS Eber après le passage du cyclone d'Apia en 1889

Mais cette veille s’est terminée le 15 mars 1889, lorsqu’un cyclone s’est abattu sur Apia. Les marins auraient pu sauver leurs navires en prenant le large, mais personne ne l’a fait.

Les navires ont été soit projetés contre la barrière de corail, soit jetés les uns contre les autres. Au total, quelque 150 membres d’équipage ont été tués. Le SMS Olga a été le seul bâtiment à ne pas avoir été totalement détruit, il est reparti après réparations.

Quand une flotte a été capturée après une charge de cavalerie

La cavalerie française du 8e régiment de hussards et le 15e régiment d’infanterie légère ont capturé la flotte hollandaise au Helder dans la nuit du 23 janvier 1795, au cours des guerres de la Révolution française, rappelle le site Histoire du monde.

Aquarelle peinte par Léon Morel-Fatio représentant la capture de la flotte Hollandaise au Helder le 23 Janvier 1795

Une flotte néerlandaise stationnait au Helder, à environ 80 km au nord d'Amsterdam. Les Français ont profité de l’hiver extrêmement rigoureux. Les fleuves et les côtes étaient pris dans la glace et il était donc possible de se rendre à cheval jusqu’aux navires.

Après avoir pris les précautions nécessaires pour ne pas réveiller les marins par le bruit des sabots, le lieutenant-colonel Louis Joseph Lahure a lancé l'assaut. Les Français ont pris les navires hollandais à l'abordage. Les navires hollandais, qui étaient figés inclinés, ne pouvaient pas utiliser leurs canons qui pointaient au-dessus des assaillants.

L'armée française a capturé cinq vaisseaux de ligne, trois frégates et six corvettes, armés de 850 canons, et plusieurs navires marchands et leurs équipages.

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