Dimanche 22 juillet, le député Jair Colsonaro a annoncé qu'il serait le candidat du Parti libéral social (PSL) pour le Palais Planalto(le siège du Président brésilien), avec un discours qui comprenait des promesses controversées telles que l'entrée de militaires au gouvernement, la mise en place de politiques fortes pour lutter contre le crime ou le retrait du pays de l'accord de Paris sur le climat.
D'après l'expert, l'ascension politique du PSL fait partie d'un mouvement présent partout dans le monde: «tout comme avec [Donald] Trump aux États-Unis, Bolsonaro a attiré plusieurs gens qui pensaient que quelqu'un hors du système et plus dur pourrait rompre avec la corruption et la politique traditionnelle».
Cette idée de «transformer le système politique en quelque chose d'apolitique» représente un danger pour l'universitaire. Cependant, dans le contexte brésilien, qui traverse une crise économique profonde durant depuis plus de deux ans, une augmentation du chômage et de l'insécurité, les discours radicaux de M.Bolsonaro parviennent à gagner l'appui de la population.
«Sur fond du besoin, de la faim et de la peur qui dominent la scène brésilienne, Jair Bolsonaro réalise, selon lui, une mission de renforcement de l'ordre moral. En fait il est une personnalité très trouble, avec des cas de corruption derrière lui. Et en général, il prend des positions radicales sur chaque question politique», a expliqué l'analyste.
En ce qui concerne les promesses fortes de lutte contre l'insécurité, les événements récents dans le pays montrent que «l'intervention de l'armée n'a fait que multiplier les morts».
«Bolsonaro parle d'une manière très empathique et pour de nombreuses personnes, ce qui est très bien pour un politicien», a noté l'universitaire.
Malgré sa popularité remarquable, la position de ses adversaires n'est pas si fragile. Plusieurs groupes de médias, principalement le conglomérat Globo, sont plus enclins à soutenir la candidature de la coalition du centre dirigée par l'ex-gouverneur de l'État prospère de Sao Paulo, Geraldo Alckmin, président du Parti social-démocrate brésilien (PSDB) et allié du gouvernement de Michel Temer.
«D'une part il y a une partie du monde entrepreneurial et financier qui veut soutenir Bolsonaro, d'autre part, il y a ceux qui le voient comme une personne qui ne sait pas dans quelle direction il va tirer ou comment le contrôler», a déclaré M.del Rio.
Dans son discours du dimanche, le candidat controversé a essayé d'être plus modéré en ce qui concerne les droits des femmes et des enfants, affichant un léger changement dans son comportement habituel. Un jour, il avait lancé à une collègue: «Je ne te violerai pas parce que tu ne le mérites pas.»
Outre des déclarations misogynes et homophobes, le candidat s'en est pris aux Brésiliens d'ascendance africaine, qui, selon lui, «ne servent même pas à la reproduction».
«Le Brésil est un pays extrêmement raciste. Parfois, les gens confondent la joie brésilienne avec les questions raciales. (…) Actuellement, la question raciale n'est pas encore résolue et apaisée, en dépit des politiques d'inclusion et antidiscriminatoires du gouvernement précédent sous l'égide du Parti des Travailleurs, il reste encore beaucoup à faire», a précisé M.del Rio.
M.Bolsonaro, de religion évangélique et qui professe les courants les plus conservateurs de ce mouvement religieux, n'est pas très tolérant vis-à-vis «de toute religion qui n'est pas sur la même ligne». Dans la mosaïque culturelle brésilienne marquée par une diversité confessionnelle et une forte influence religieuse africaine, cette position dure pourrait provoquer des problèmes supplémentaires.
Avec l'ex-Président Lula exclu des sondages, M.Bolsonaro se classe le premier avec 20% de soutien, suivi par le représentant de la gauche Ciro Gomes et le modéré Marina Silva, qui se battent pour la deuxième place.
«Lula a un charisme et un soutien énorme. Même en prison, sa popularité grandit de plus en plus. Il y a deux scénarios pour l'élection: avec lui ou sans lui. Et même sans lui, l'absence de sa candidature ne signifie pas l'absence de son facteur, et les voix en sa faveur peuvent aller à un candidat du Parti du Travail, ou ce parti peut former une coalition et choisir un candidat en étant issu», a conclu l'analyste.