Au moment où l'Europe traverse une importante crise avec des velléités de fermeture des frontières, le sort des migrants secourus par l'Aquarius a suscité de vives tensions entre plusieurs pays de l'Union européenne, a fortiori entre la France et l'Italie. La chancelière allemande Angela Merkel a estimé pour sa part que la politique migratoire constituait un «test décisif» pour l'avenir de l'UE.
«Je pense que c'est peut-être un test psychologique pour M.Macron lui-même. […] L'Italie qui est en quelque sorte un pays abandonné à l'afflux des migrants depuis la Méditerranée a besoin de plus de solidarité. Elle essaie de faire valoir ses droits», a estimé dans un entretien accordé à Sputnik Anna Triandafyllidou, professeur à l'European University Institute (EUI) de Florence, spécialiste des politiques migratoires.
Et d'ajouter que la France, contrairement à l'Allemagne, avait été «très avare dans son approche envers les réfugiés».
Selon l'interlocutrice de Sputnik, l'histoire de l'Aquarius a été trop médiatisée, alors que l'Italie accepte les migrants sauvés en Méditerranée, et ce même quand cela dépasse ses possibilités.
«À mon avis, le pays a un bon système d'accueil qui n'est évidemment pas parfait et doit être amélioré», a admis Mme Triandafyllidou.
Emmanuel Macron a dénoncé en Conseil des ministres la «part de cynisme et d'irresponsabilité du gouvernement italien» qui avait refusé d'accueillir l'Aquarius et ses plus de 600 migrants, dérogeant ainsi au droit international. Cela a provoqué l'ire de Rome, estimant de ne pas avoir à recevoir de leçon de morale et en particulier de la France.
«L'Italie ne peut accepter de leçons hypocrites de pays qui ont toujours préféré détourner la tête lorsqu'il s'agit d'immigration», a lancé président du Conseil italien Giuseppe Conte le 12 juin dernier à l'égard de Paris.