L'histoire semble à peine croyable, et pourtant. Samedi entrera en vigueur une loi permettant aux orphelins et aux enfants adoptés entre les années 1920 et 1970 de connaître le nom de leurs parents biologiques. Leur sort est aussi tragique qu'étouffé au plus haut niveau depuis des années.
C'est l'aboutissement de plusieurs dizaines d'années de combat contre le gouvernement fédéral et les institutions religieuses. Si ces dernières ont contesté le recours collectif déposé en mars dernier par des orphelines victimes de graves abus, ce n'est pas pour rien.
Autant d'histoires que de vies brisées. De la fin des années 1940 jusqu'à fin des années 60, des milliers enfants dont les parents ne pouvaient plus s'occuper, des enfants nés hors mariage que l'Église forçait à placer, se sont retrouvés dans des institutions religieuses, progressivement transformées en institutions psychiatriques.
Sans éducation, exploités économiquement, ces «orphelins de Duplessis» sont victimes de violences psychologiques, physiques, sexuelles, et subissent des expérimentations médicales dans le plus grand secret: électrochocs, isolement, injection de médicaments. Le ministère du Travail, de l'Emploi et de la Solidarité sociale, a bien mis en place un programme de dédommagement, mais justice n'a pas été rendue pour tous.
La loi 113, qui entrera en vigueur samedi, permettra d'ouvrir les archives pour tous les orphelins et les enfants adoptés et dont les parents biologiques sont décédés depuis plus d'un an. Pour les dossiers où les parents sont toujours en vie, le gouvernement impose un délai de carence d'un an. Une course contre la montre insoutenable pour les victimes et salvatrice pour d'autres: «Ils [les orphelins] ne seraient plus que 400 [encore en vie] actuellement. Dans les années 1990, ils étaient encore 3000» explique Catherine Kovacs, une consoeur de Radio Canada.