Le G7 se transforme en G6 ou la fin de l’isolement de la Russie

Le sport géopolitique le plus populaire était, depuis quelques années, le concours de propos sur l’isolement terrible et profond de la Russie sur l’arène internationale. Avant le sommet du G7 au Canada Trump et puis le Premier ministre italien ont souligné pourtant la nécessité de faire revenir la Russie dans le club des États occidentaux.
Sputnik

Il est symptomatique que les déclarations de Trump et Conte sur la restauration du G8, absolument impensables il y a quelques années, ont été tenues dans le contexte de la visite d'État du Président Poutine en Chine, estime le quotidien Life.

Le format du G8 est beaucoup plus significatif que celui du G7, selon Trump
Donald Trump et les politiciens américains de niveau inférieur comprennent parfaitement que la Russie n'est pas le rival-clé de l'Occident. Oui, elle a été la première à s'opposer au système américano-centrique, selon le journal. C'est la Russie qui a changé le cours du printemps arabe en empêchant le renversement du gouvernement légitime de la Syrie — il s'agit de la défaite la plus importante des États-Unis et de leurs alliés, dont la force, la pression politique et d'information et les accords de couloirs se sont avérés incapables de venir à bout de cette victime condamnée d'avance, toujours selon le quotidien Life.

Tout cela est juste, mais la politique, comme on le sait, est une manifestation concentrée de l'économie, qui témoigne du déplacement du centre mondial de développement vers l'Asie du Sud-Est et la Chine. Aujourd'hui, ces centres de pouvoir économique et politique se trouvent en état de parité. Et la Russie est en mesure de faire pencher la balance en faveur de tel ou tel camp: cela concerne ses capacités militaires, ainsi que son potentiel de ressources.

Et malgré tout, Macron et Trump ont une «discussion cordiale» au G7
C'est pourquoi on constate des initiatives, encore lentes, visant à attirer de nouveau Moscou au sein du format évidemment mort qu'est le G7. D'ailleurs, sa mort ne s'explique pas du tout par l'exclusion de la Russie: le monde a tout simplement changé de manière si radicale que les questions d'actualité ne peuvent être résolues que par le G20, voire par un groupe encore plus large. Le G7 est un fruit de l'époque du monde unipolaire, quand il n'y avait aucune alternative à ce système et que les États-Unis dictaient calmement leurs conditions au monde entier.

Aujourd'hui, l'histoire de l'expulsion de la Russie du G8 se répète sous nos yeux sous la forme d'une farce: les «partenaires» de l'Amérique au sein du G7, scandalisés par la guerre commerciale lancée contre eux par l'administration de Trump, indiquent publiquement qu'ils pourraient signer le communiqué final sans les USA. On pourrait sourire et faire une blague sur un nouveau grade russe offert à l'«agent Trump», mais la situation n'est pas vraiment amusante et témoigne plutôt de l'ampleur des divergences au sein de ce «club d'élite» où l'on invite de nouveau la Russie.

On doute que les dirigeants russes en aient vraiment envie, car Moscou n'est isolé. Cette politique a échoué il y longtemps, ce qui est actuellement évident même pour les représentants les plus obstinés de l'establishment et des médias américains, qui ne peuvent toujours pas quitter les rails de la propagande antirusse. Au milieu des années 2000, on se moquait des nouveaux formats internationaux promus par la Russie, de l'OTSC et l'OCS à l'Union économique eurasiatique en passant par des accords bilatéraux. La réalité a pourtant montré que ces projets s'étaient mis à fonctionner grâce à un travail rigoureux.

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Tout cela ne sert pas qu'à la publicité des dirigeants du pays et à donner une belle image de la Russie, explique le journal. Les nouveaux débouchés internationaux et la coopération dans les secteurs d'expertise technologique russe — notamment l'énergie nucléaire, l'espace, le complexe militaro-industriel — créent en Russie des emplois pour des centaines de milliers d'ouvriers et d'ingénieurs qualifiés, permettent de soutenir, de moderniser et de développer les entreprises nationales.

Ainsi, la visite de Vladimir Poutine a déjà débouché sur des dizaines de nouveaux contrats dans le domaine nucléaire, aéronautique et financier. Les Fonds chinois de développement octroieront notamment à Vnechekonombank près de 10 milliards de dollars de crédits destinés à la mise en œuvre de projets conjoints, conclut le quotidien.

Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur de l'article repris d'un média russe et traduit dans son intégralité en français.

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