La France cherchera à ramener Washington et Téhéran à la table des négociations et souhaite enrichir de clauses nouvelles l’accord sur le nucléaire iranien, dont les États-Unis se sont récemment retirés, pour garantir que la période couverte par ce document durera plus longtemps que prévu, a fait récemment savoir à Sputnik François Nicoullaud, ancien ambassadeur de France à Téhéran. Cette initiative portera-t-elle ses fruits?
Comme l’estime Igor Morozov, membre du comité du Conseil de la Fédération (chambre haute du parlement russe) pour les affaires étrangères, il est difficile d’imaginer un nouvel accord, lorsqu’en Iran on refuse catégoriquement tout amendement à celui signé en 2015», a-t-il déclaré dans son commentaire à Sputnik. Les forces conservatrices, soutenues par le guide suprême de la République islamique, ont déjà clairement fait connaître leur position: il faut dans ce cas renoncer à l’accord et poursuivre le programme nucléaire du pays, explique-t-il.
«Il est difficile d’imaginer l’Iran accepter un nouvel accord. Il n’y a tout simplement pas de partisans [de cette initiative, ndlr], car l’accord de Vienne sur le nucléaire iranien est pleinement honoré, ce que soulignent les inspecteurs de l’AIEA», a expliqué le sénateur, soulignant que le fait qu’une fois de plus Washington ne respecte pas ses engagements n’est point de la responsabilité de l’Iran.
Et de rappeler que cet accord était prévu pour dix ans, période à l’issue de laquelle l’Iran aurait eu le droit de poursuivre son programme nucléaire pacifique dans le cadre défini de l’accord de l’AIEA. «Mais qu’est-ce que demandent les Américains? Que l’accord soit illimité et que les autorités iraniennes mettent un terme au programme nucléaire et changent leur cap politique au Proche-Orient», a-t-il rappelé.
En d’autres termes, estime le sénateur, il s’agit d’une ingérence directe dans les affaires de la République islamique. «D’où la conclusion que les tentatives de Macron de maîtriser la situation et de devenir médiateur sur un nouvel accord sont vouées à l’échec», résume M.Morozov.
Comme Washington étend depuis longtemps sa juridiction sur l’ensemble de l’Europe, des compagnies européennes, dont Total, qui venaient de faire leur entrée dans l’économie iranienne ont dû aussitôt se retirer du marché.
«Airbus ne peut pas remplir ses engagements. Le contrat est annulé par une seule décision du Président américain», a-t-il résumé.