Du Maroc à l'Égypte, les émissions de caméras cachées sont de plus en plus populaires auprès des téléspectateurs lors de la période du mois de ramadan. Pourtant, les moyens avec lesquels elles gagnent en popularité sont parfois contestés car ils violent, aux yeux de certains, les normes d'éthique les plus élémentaires.
À titre d'exemple, le magazine Jeune Afrique évoque la caméra cachée Shalom, diffusée par la chaîne Tunisna TV. Les auteurs de l'émission essayent de piéger des personnalités politiques et publiques du pays en leur proposant de travailler avec Israël, pour une importante somme d'argent.
L'homme politique Abderraouf Ayadi, connu par ses prises de position anti-sioniste, a été la première victime d'une caméra cachée, ayant accepté la proposition de collaborer avec Israël. M.Ayadi a déjà porté plainte contre l'émission évoquant une pression psychologique et matérielle exercée sur lui.
La Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (HAICA) a ordonné le retrait de l'épisode avec M.Ayadi des réseaux sociaux, jugeant ce test de «loyauté à la patrie» discutable, compte tenu de la présence d'hommes armés dans la mise en scène. Le syndicat national des journalistes tunisiens, lui aussi, a appelé à boycotter l'émission l'accusant d'avoir nui à la profession.
Selon le présentateur de l'émission, Walid Zribi, elle «permet de connaître la véritable intégrité» des hommes politiques du pays. Quoi qu'il en soit, ce n'est pas la première fois que des émissions de caméras cachées provoquent des scandales dans les pays du Maghreb.
Ainsi, en Égypte, l'actrice Heba Magdy avait été victime d'un faux kidnapping de l'État islamique en 2016. En Algérie, l'écrivain Rachid Boudjedra, connu pour ses convictions athéistes, avait été contraint par des hommes en armes à prononcer la chahada, la profession de foi islamique, lors d'une émission similaire, rappelle le magazine.