Les deux partis, après s'être entendus sur une feuille de route censée établir les grandes lignes du prochain exécutif, ont présenté au Président de la République, Sergio Mattarella, leur proposition pour le poste de Président du conseil (l'équivalent de notre Premier ministre), le 21 mai dernier. Et il va sans dire que le candidat au poste, Giuseppe Conte, pourtant inconnu du grand public, fait déjà grincer des dents un peu partout en Europe. L'Opinion illustrait l'inquiétude des pro-européens face à la volte-face de l'Italie sur l'UE dans un tweet:
En France, les réactions à l'annonce de Salvini et di Maio ne se sont pas fait longtemps attendre. Si les premiers à réagir ont été le Front National (FN), allié de la Lega au Parlement européen, l'ensemble du spectre politique s'est prononcé sur la situation politique chez notre voisin transalpin.
Reprenant une déclaration de Sébastien Chenu, le FN se félicitait du «réveil des Nations» et opposait aux décisions de l'Union européenne «la voix du peuple», tandis que Marine Le Pen mentionnait sur Twitter les «perspectives époustouflantes» du parti d'extrême-droite français après la conquête du pouvoir de ses alliés en Autriche (FPÖ) et en Italie (Lega).
Invité de Ruth Elkrief le 21 mai, Jordan Bardella, porte-parole du FN, estimait que l'Italie avait fait le choix de «[tourner] le dos à l'austérité» au moment où Nicolas Bay souhaitait «bonne chance» au nouvel exécutif italien.
Logiquement, tous les partis n'ont pas fait preuve du même engouement qu'au Front National. Chez Les Républicains (LR), l'embarras était palpable et cela s'est vu dans les réactions des différents courants qui traversent le parti de droite.
Certains, à l'image d'Éric Ciotti, ont vu dans le désaveu des pro-Europe en Italie une aubaine pour tacler le gouvernement d'Emmanuel Macron. Le député des Alpes-Maritimes, voix de la droite plus conservatrice, a en effet dénoncé «l'insupportable arrogance» du «pouvoir macronien».
Les autres, partisans d'une ligne politique plus centriste, comme Fabienne Keller, ancienne porte-parole d'Alain Juppé, appelaient à réagir «pour redonner vie au projet européen», au moment où un gouvernement qu'elle qualifiait de «populiste» prenait le contrôle de l'exécutif d'un des six pays fondateurs du projet européen.
Au gouvernement, même embarras visible. Le porte-parole de l'exécutif, interrogé sur le résultat des élections italiennes sur France 2, s'en est tenu à des éléments de langage méticuleusement choisis, interprétant les revendications de nos voisins transalpins pour les faire coïncider avec le programme d'Emmanuel Macron:
Et dans tout cela, quid de la gauche? Jean-Luc Mélenchon, dont le mouvement est souvent comparé au M5S, a rapidement pris ses distances avec le parti antisystème de Beppe Grillo. Sur Twitter, il rappelait d'abord le «danger» de l'extrême-droite au pouvoir, y compris en Italie, et dénonçait ensuite le «programme de droite» négocié entre la Lega et le M5S.
«En Italie, ce sont des forces d'extrême-droite qui s'allient: ce n'est pas un discours dans lequel la France Insoumise (LFI) peut se reconnaître», ajoutait Alexis Corbière, abondant dans le sens de M. Mélenchon.
François Hollande s'est également exprimé sur le sujet sur France Info. Dans cette intervention, l'ancien Président socialiste a estimé que les résultats des élections de mars 2018 qui ont permis à la Lega et au M5S de s'emparer de l'exécutif n'avaient pas été dictés par des mauvaises décisions de l'Union européenne, mais plutôt par la lenteur de cette dernière à répondre aux grands enjeux économiques, politiques ou géopolitiques actuels.
Le Parti Socialiste, s'exprimant cette fois par l'intermédiaire de ses députés européens, a choisi une communication-choc et quelque peu alarmiste: