Les deux partis, après s'être entendus sur une feuille de route censée établir les grandes lignes du prochain exécutif, ont présenté au Président de la République, Sergio Mattarella, leur proposition pour le poste de Président du conseil (l'équivalent de notre Premier ministre), le 21 mai dernier. Et il va sans dire que le candidat au poste, Giuseppe Conte, pourtant inconnu du grand public, fait déjà grincer des dents un peu partout en Europe. L'Opinion illustrait l'inquiétude des pro-européens face à la volte-face de l'Italie sur l'UE dans un tweet:
En Italie, tous les ingrédients sont réunis pour une crise majeure avec les Vingt-Sept 👉 https://t.co/xKRfKELqD9 pic.twitter.com/Wim2vvVmSl
— l'Opinion (@lopinion_fr) 22 мая 2018 г.
En France, les réactions à l'annonce de Salvini et di Maio ne se sont pas fait longtemps attendre. Si les premiers à réagir ont été le Front National (FN), allié de la Lega au Parlement européen, l'ensemble du spectre politique s'est prononcé sur la situation politique chez notre voisin transalpin.
.@sebchenu: "En Italie, c'est le réveil des Nations! Le peuple a parlé plus fort que l'Union européenne et a envoyé au pouvoir des gens qui contestent les décisions de l'UE." @franceinfo
— Front National (@FN_officiel) 21 мая 2018 г.
Reprenant une déclaration de Sébastien Chenu, le FN se félicitait du «réveil des Nations» et opposait aux décisions de l'Union européenne «la voix du peuple», tandis que Marine Le Pen mentionnait sur Twitter les «perspectives époustouflantes» du parti d'extrême-droite français après la conquête du pouvoir de ses alliés en Autriche (FPÖ) et en Italie (Lega).
Après le FPÖ en Autriche 🇦🇹, la Ligue en Italie 🇮🇹. Nos alliés arrivent au pouvoir et ouvrent des perspectives époustouflantes, avec en ligne de mire le grand retour des Nations! MLP https://t.co/kbg73wIU32
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) 21 мая 2018 г.
Invité de Ruth Elkrief le 21 mai, Jordan Bardella, porte-parole du FN, estimait que l'Italie avait fait le choix de «[tourner] le dos à l'austérité» au moment où Nicolas Bay souhaitait «bonne chance» au nouvel exécutif italien.
« L'Italie envoie un message clair à l'Union européenne en tournant le dos à l'austérité et en affirmant sa volonté de défendre son identité. » @BFMTV pic.twitter.com/D5PAsgFsKj
— Jordan Bardella (@J_Bardella) 22 мая 2018 г.
Logiquement, tous les partis n'ont pas fait preuve du même engouement qu'au Front National. Chez Les Républicains (LR), l'embarras était palpable et cela s'est vu dans les réactions des différents courants qui traversent le parti de droite.
Certains, à l'image d'Éric Ciotti, ont vu dans le désaveu des pro-Europe en Italie une aubaine pour tacler le gouvernement d'Emmanuel Macron. Le député des Alpes-Maritimes, voix de la droite plus conservatrice, a en effet dénoncé «l'insupportable arrogance» du «pouvoir macronien».
Le pouvoir macronien mauvais élève de l’#Europe: champion de la dette et des déficits, recordman des prélèvements obligatoires et incapable de contenir les flux migratoires se permet de donner des leçons à l’#Italie et l'#Allemagne. Insupportable arrogance.
— Eric Ciotti (@ECiotti) 21 мая 2018 г.
Les autres, partisans d'une ligne politique plus centriste, comme Fabienne Keller, ancienne porte-parole d'Alain Juppé, appelaient à réagir «pour redonner vie au projet européen», au moment où un gouvernement qu'elle qualifiait de «populiste» prenait le contrôle de l'exécutif d'un des six pays fondateurs du projet européen.
Ac l’annonce en #Italie par @luigidimaio et @matteosalvinimi du premier gouvernement antisystème et populiste d’un Etat fondateur de l’ #UE,une nouvelle étape sera franchie. Après l’Autriche, la Pologne, la Hongrie… urgence à agir et réagir pr redonner vie au projet européen!
— Fabienne Keller (@fabienne_keller) 21 мая 2018 г.
Au gouvernement, même embarras visible. Le porte-parole de l'exécutif, interrogé sur le résultat des élections italiennes sur France 2, s'en est tenu à des éléments de langage méticuleusement choisis, interprétant les revendications de nos voisins transalpins pour les faire coïncider avec le programme d'Emmanuel Macron:
Italie: il faut entendre le message du vote populiste. Les électeurs n’ont pas demandé moins d’Europe, mais « mieux d’Europe », notamment sur les crises économiques et sur les flux migratoires. C’est ce que propose le Président @emmanuelmacron. #Les4V @France2tv @Caroline_Roux pic.twitter.com/ko97Qotmoh
— Gabriel Attal (@GabrielAttal) 21 мая 2018 г.
Et dans tout cela, quid de la gauche? Jean-Luc Mélenchon, dont le mouvement est souvent comparé au M5S, a rapidement pris ses distances avec le parti antisystème de Beppe Grillo. Sur Twitter, il rappelait d'abord le «danger» de l'extrême-droite au pouvoir, y compris en Italie, et dénonçait ensuite le «programme de droite» négocié entre la Lega et le M5S.
L'Italie est malade à mort de l'Union européenne. Les deux partis italiens qui vont gouverner ensemble sont d'accord sur un programme de droite. Ils vont mettre en place une « flat tax ». #LeGrandJury #RTL #LCI
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) 20 мая 2018 г.
«En Italie, ce sont des forces d'extrême-droite qui s'allient: ce n'est pas un discours dans lequel la France Insoumise (LFI) peut se reconnaître», ajoutait Alexis Corbière, abondant dans le sens de M. Mélenchon.
François Hollande s'est également exprimé sur le sujet sur France Info. Dans cette intervention, l'ancien Président socialiste a estimé que les résultats des élections de mars 2018 qui ont permis à la Lega et au M5S de s'emparer de l'exécutif n'avaient pas été dictés par des mauvaises décisions de l'Union européenne, mais plutôt par la lenteur de cette dernière à répondre aux grands enjeux économiques, politiques ou géopolitiques actuels.
Face au flux migratoire en Italie, nous n'avons pas réagi suffisamment vite. L’Europe prend plutôt de bonnes décisions, mais elle les prend tellement tard qu'au moment où les choix sont faits, les problèmes se sont aggravés. pic.twitter.com/G1CF1vOoTH
— François Hollande (@fhollande) 22 мая 2018 г.
Le Parti Socialiste, s'exprimant cette fois par l'intermédiaire de ses députés européens, a choisi une communication-choc et quelque peu alarmiste:
Italie: c’est arrivé près de chez vous https://t.co/U79ZO4H5ba pic.twitter.com/PY6hHyouDi
— Eurodéputé-e-s PS (@DSFEurope) 21 мая 2018 г.