Richesses ou immigration: lequel de ces facteurs influence le taux de fécondité en Europe?

«L’immigration […] extra-européenne de main d’œuvre peu qualifiée» est un des principaux facteurs de l’augmentation du taux de fécondité en Europe occidentale, estime le géographe Laurent Chalard, qui remet en cause une hypothèse de chercheurs allemands selon laquelle les revenus élevés sont une des raisons de l’augmentation du taux de fécondité.
Sputnik

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Des experts de l'Institut allemand de recherche démographique Max Planck indiquent que le développement économique en Europe favorise l'augmentation du taux de fécondité. Les scientifiques allemands estiment que ce phénomène remettrait en question le «paradoxe démographo-économique» selon lequel l'augmentation du niveau de vie entraîne la diminution du taux de fécondité.

Interrogé par le portail Atlantico, Laurent Chalard, qui a soutenu une thèse de géographie à l'Université Paris-IV Sorbonne et est expert au Centre européen des affaires internationales (ECIA), souligne l'existence, mise en évidence par les chercheurs allemands, d'une certaine corrélation entre l'élévation du niveau des revenus et l'augmentation du taux de fécondité.

«La fécondité est, en règle générale, désormais plus élevée dans les régions au plus haut niveau de vie, que sont les grandes métropoles d'Europe occidentale, l'Ile de France en constituant un exemple-type, que dans les régions aux revenus moindres, c'est-à-dire les campagnes», a souligné l'expert.

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Néanmoins, une analyse plus poussée, notamment à l'échelle locale peut permettre de réfuter l'hypothèse des chercheurs allemands.

«Si l'on prend le cas de la France, les indices de fécondité les plus élevés en 2015 se retrouvent dans les départements franciliens les plus pauvres, la Seine-Saint-Denis (2,46 enfants par femme) et le Val d'Oise (2,29 enfants par femme)», a constaté M.Chalard.

Il est certain que cette tendance est corrélée à un autre facteur, celui de l'immigration de main d'œuvre peu qualifiée.

«A contrario, les départements affichant les revenus les plus élevés, Paris (1,54 enfant par femme) et les Hauts-de-Seine (1,93 enfant par femme) ont une fécondité bien moindre», a ajouté M.Chalard.

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Par ailleurs, la France n'est pas une exception à la règle, explique M.Chalard. La même tendance est observée au Royaume-Uni, avec 2,47 enfants par femme en 2016 à Barking et Dagenham, municipalité londonienne la plus pauvre, où des minorités ethniques non-européennes composent une partie importante de la population. À Bromley, «peuplé principalement de Britanniques» et de ressortissants de pays européens, l'indice de fécondité était de 1,26 enfant par femme en 2016.

«Si les régions de l'Ile de France ou du Grand Londres ont effectivement des revenus plus élevés et une fécondité plus importante, c'est le produit d'un autre facteur, l'immigration extra-européenne. […] Sans cette immigration, la corrélation [entre des revenus et le taux de fécondité, ndlr] n'existerait pas», a conclu Laurent Chalard.

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