Comment la Syrie devient l’échiquier pour une guerre du gaz contre «ce terrible Poutine»

Au centre des accusations et en voie vers un possible isolement – la position de la Russie peu enviable reste constamment sur les lèvres. L’homme politique belge Frank Creyelman, membre du Vlaams Belang, a évoqué pour Sputnik les raisons de l’hostilité de l’Occident envers la Russie et les probables progrès sur le chemin de la vérité en Syrie.
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En Syrie, chaque jour semble apporter son lot de confusion concernant les «bons» et les «méchants». Dans un entretien à Sputnik, Frank Creyelman, membre du Vlaams Belang et président de la commission Politique extérieure, Affaires européennes et Coopération internationale du parlement flamand, a essayé de démêler ce qui se passe en coulisses au sujet des sanctions des pays occidentaux contre la Russie et d'expliquer pourquoi la Syrie sert de terrain d'affrontement.

«Les sanctions coûtent de l'argent — européen et russe aussi — elles coûtent cher à tous, alors personne ne les désire. Les Américains les poussent, mais pourquoi le font-ils? Certes, à cause du Nord Stream 2, un gazoduc allant de Russie pour donner du gaz à l'Union européenne. Mais les Américains veulent vendre leur propre gaz qui n'est pas, bien sûr, tellement bonne marché car il doit traverser l'océan Atlantique entier en grands navires», a expliqué l'homme politique en marge du Forum économique de Yalta, en Crimée.

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«Par conséquent, le gaz américain ne peut pas être plus bon marché pour les Européens, ils savent que c'est un jeu tactique pour les Américains. Du coup, les États-Unis ont besoin des sanctions.»

Mais en premier plan, il y a un tout autre décor pour créer le sentiment d'une Russie vilaine. Primo, l'empoisonnement de Sergueï Skripal, «l'attaque au Novitchok [A-234]» comme aiment le présenter les pays occidentaux pour souligner l'implication présumée de Moscou. Secundo, une autre attaque toxique à Douma, alors que tout cela n'est «pas fait par les Russes, le gouvernement russe».

«L'attaque contre la Syrie n'était pas une attaque contre la Syrie elle-même, mais contre le pays en tant qu'allié de la Russie. Ils veulent des sanctions contre "ce terrible monsieur Poutine". C'est un jeu tactique et rien de plus. Un jeu tactique pour introduire de nouveau les sanctions. Des diplomates ont été expulsés, d'autres choses se sont produites, mais en fait ça n'est dû qu'aux sanctions contre la Russie à cause du gaz fourni par le Nord Stream 2 et celui américain. Voici l'histoire à la fin des fins, l'histoire de l'argent», a constaté M.Creyelman, ajoutant que «les businessmen européens ont marre de ces sanctions».

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Alors que la Syrie était en train de gagner à Douma, avec l'aide de la Russie, le Président Trump a décidé de montrer ses muscles, d'entreprendre quelque chose: «Ainsi, ce trio [Trump, Macron et May, ndlr] s'est accordé: allons attaquer la Syrie, faisons encore une attaque chimique», a pointé M.Creyelman. «C'est un projet psychologique et politique pour ces trois qui peuvent réintroduire les sanctions. […] C'est le Nord Stream 2 derrière ça, c'est tout.»

La campagne antirusse pourrait en même temps avoir une autre fonction: détourner l'attention de la communauté internationale et de la mission de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) de ce qui s'est réellement passé sur le sol tant européen que syrien: «Ce sont toutes des distractions du vrai problème. Le vrai problème, c'est le gaz».

En somme, la Syrie est devenue le lieu idéal pour y affronter la Russie, où les actions de guerre pourraient aider les puissances occidentales à parvenir, à long terme, à leurs objectifs.

«Dans les médias, c'est toujours: le terrible Poutine, le terrible Assad, ils font des guerres chimiques sur des enfants, toujours sur des enfants. Gaz sur des enfants, pourquoi? Sur des soldats? C'est toujours la même chose: la diabolisation de ces deux figures et de ces deux pays. […] C'est un jeu», a conclu M.Creyelman.

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