«Fruit de leur échec»: au pays et à l’étranger, des Syriens dénoncent l’attaque tripartite

Agression illégitime engendrée par l’échec des projets occidentaux, violation du droit international et vassalité envers les États-Unis: au lendemain des frappes menées par Londres, Paris et Washington sur la Syrie, des Syriens résidant aussi bien au pays qu’à l’étranger ont exprimé au micro de Sputnik France leur avis sur l’attaque.
Sputnik

Pour que l’opinion des Syriens soit prise en compte

Dans les heures qui ont suivi l’attaque aux missiles sur des sites militaires et scientifiques syriens, menée par les États-Unis, la France et le Royaume-Unis, des milliers de personnes à travers le monde sont descendues dans les rues pour dénoncer cette attaque et exprimer leur solidarité avec le peuple syrien. Un de ces rassemblements a regroupé près de 200 personnes dans le centre de Berlin, près de la porte de Brandebourg, regroupant des Allemands et des Syriens mais pas que. Parmi eux, le sociologue et journaliste syrien Ali Al-Hassan, installé en Allemagne depuis plusieurs années. Ce dernier est persuadé que les rassemblements sont une conséquence logique de l’agression et que la voix des Syriens doit être entendue pour prévenir à l’avenir des actes similaires à ceux que la Syrie a subis dans la nuit du 13 au 14 avril.

Rassemblement à Berlin

«Les Syriens doivent descendre dans les rues à travers le monde pour exprimer leur opinion, pour que les autres les entendent et apprennent la vérité qu’ils soient avec ou contre la Syrie. Il faut qu’on tienne des rassemblements pour qu’ils réfléchissent avant d’effectuer de nouvelles frappes et agissent dans le cadre des résolutions du Conseil de sécurité de l’Onu», témoigne-t-il à Sputnik.

Pour lui, cette attaque n’est autre qu’une violation du droit international, un acte non sanctionné par le Conseil de sécurité de l’Onu.

Rassemblement à Berlin

«La Russie avait exigé une réunion du Conseil de sécurité de l’Onu mais ils n’ont pas attendu. Ils n’ont même pas attendu les résultats de la mission des enquêteurs de l’Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC). Ces derniers n’ont même pas recueilli d’échantillons, mais l’attaque est intervenue», s’indigne-t-il.

Il en arrive à la conclusion que le vrai but des pays qui ont attaqué la Syrie n’était pas de punir Damas, mais de détruire le pays, d’autant plus que les États-Unis, qui accusent les autorités syriennes d’avoir mené une attaque chimique, ont eux-mêmes détruit les arsenaux chimiques de ce pays en 2014.

Au lendemain des frappes occidentales, les Syriens célèbrent la déviation de l’attaque
«S’ils ne trouvent pas d’armes chimiques, ils vont trouver autre chose pour frapper. La seule solution est que la Syrie trouve un moyen pour se défendre, défendre sa politique et son peuple», conclut-il.

«Politique des bandits»

Professeur d’université installé à Damas, le Syrien Hussam Hanna avoue n’avoir pas été surpris par l’agression américaine, Donald Trump ayant promis de mener une attaque. Ce qui provoque par contre son indignation est que l’Occident, qui brandit des slogans au nom des droits de l’homme, agit en violation du droit international.

Damas au lendemain des frappes

«Moi qui ai étudié en France, je suis de plus en plus surpris qu’ils mentent et s’ingèrent en se cachant derrière des slogans au nom de l’humanité. Hier, la Syrie a été frappée de façon illégale. Ils n’ont obtenu aucune preuve sur le recours aux armes chimiques à Douma et, malgré cela, ils ont attaqué. C’est une politique de bandits qui s’applique», juge-t-il, soulignant qu’il y a des moyens diplomatiques et ce sont eux qui doivent être appliqués.

«Des enquêteurs étaient déjà en route, ils étaient déjà à Beyrouth, et ils n’ont pas attendu. C’est illogique, j’espère que les pays occidentaux et leur population en prendront conscience et feront attention, qu’ils ne se laissent pas manipuler», poursuit-il.

Rassemblement à Damas

Il explique cette frappe par les résultats parachevés par l’armée syrienne et ses alliés, notamment dans la Ghouta orientale. Ayant échoué, Washington, estime-t-il, a donc trouvé un prétexte pour attaquer la Syrie. Selon M.Hanna, cette frappe est un moyen pour Trump de prouver son existence face aux succès de Damas et de Moscou et de garder la face.

«Force colonisatrice»

Frappes sur la Syrie: au lendemain de l’attaque, les Damascènes témoignent (Images)
«Hier, j’ai ressenti ce que n’importe qui d’entre nous éprouve lorsque son pays est frappé. C’est une force colonisatrice qui veut imposer son avis et imposer sa logique. Cette frappe est le fruit de leur échec en Syrie», estime Ahmad Hbeche, ce franco-syrien vivant à Paris.

Indigné par la participation à l’attaque de la France, pays dont il est citoyen, il se dit ému par la réaction et la compassion exprimées par les Français.

«Hier, beaucoup de Français m’ont appelé, j’ai été surpris par mes amis qui ont sympathisé et ont exprimé leur rejet de ce qui s’est passé. Même des milieux politiques français, des chefs de partis et des députés, ont exprimé leur indignation face aux frappes», raconte-t-il, ajoutant qu’à son avis au cours de ces dernières années les autorités françaises se comportent en «vassaux» de Washington qui ont «fermé les yeux sur les problèmes internes et ont frappé la Syrie sans aucune preuve».

Protestation contre les frappes à Alep

Toutes les informations entourant l’attaque chimique présumée lui paraissent une moquerie pure et dure.

«Comment pouvez-vous croire que les autorités puissent effectuer une frappe chimique après la libération de 90% de la Ghouta? Pourquoi ils [les Occidentaux, ndlr] ne le voient pas. Pourquoi lorsque Daech* publie ses vidéos montrant comment ils exécutent l’armée et les otages personne ne les attaque aux missiles? Mais une vidéo sur l’attaque chimique apparaît en ligne et tout de suite l’Occident mène un raid. C’est une moquerie d’envergure», conclut-il.

La Syrie a su opposer une riposte digne

Morris Aleid, ce stomatologue syrien vivant à Moscou, avoue que la nouvelle sur les frappes a été pour lui une surprise, il n’avait pas imaginé que Washington passe à l’action.

«Le pays lutte contre les terroristes depuis voilà sept ans et, au moment où il est pratiquement venu au bout des extrémistes et les a pratiquement vaincus grâce au soutien de la Russie, les frappes surviennent?», s’interroge-t-il.

Damas au lendemain des frappes

En même temps, il est persuadé que cette frappe n’a pas su ébranler la Syrie. Au contraire, elle a renforcé les Syriens et les a rapprochés davantage du Président Assad.

«Il n’y a eu aucun impact, que ce soit moral ou matériel, les missiles soviétiques que la Syrie détient depuis des dizaines d’années ont intercepté les missiles modernes, les Tomahawks américains», a-t-il conclu.

*Organisation terroriste interdite en Russie

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