Riyad perd la grande mosquée de Bruxelles au profit de Rabat

La Belgique a décidé de reprendre le contrôle de la mosquée du Cinquantenaire de Bruxelles à l’Arabie Saoudite, résiliant la concession qui lui avait été accordée en 1969. Mais le fait que les Belges confient la gestion de ce lieu de culte à l'Exécutif des musulmans de Belgique, a suscité des soupçons «de guerre des mosquées» entre Rabat et Riyad.
Sputnik

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Le vendredi 16 mars, la Ligue Islamique Mondiale, fondée, en 1962, à la Mecque par le roi Fayçal d'Arabie saoudite, s'est vue retirer, la gestion de la Grande Mosquée du Cinquantenaire de Bruxelles sur décision du gouvernement belge, qui résilie ainsi la concession qui avait été accordée au royaume saoudien en 1969, selon un communiqué de presse du ministre de la Justice, Koen Geens. La direction de cette mosquée sera confiée « à une autorité locale, une autorité du culte musulman. Probablement l'Exécutif des musulmans de Belgique» (EMB), a déclaré à la presse le ministre des Affaires Etrangères Didier Reynders, le mardi 16 janvier, à l'issue de sa rencontre avec son homologue saoudien, Adel al-Joubeir, au Palais d'Egmont à Bruxelles, rapporté par le quotidien La Libre.be. La décision a été saluée par le Maroc, qui souhaite reprendre le contrôle sur la gestion de ce lieu de culte, vu «ses liens avec l'EMB», écrit algériepatriotique dans son édition de ce mardi. Le journal laisse même penser qu'il y a «une guerre des mosquées» entre Rabat et Riyad en Belgique, dans laquelle Doha et Paris ont leurs mots à dire.

La décision du gouvernement belge, selon le journal La Libre.be, fait suite aux conclusions de la commission d'enquête parlementaire sur les attentats du 22 mars 2016 à Bruxelles, qui a fait 32 morts, dénonçant dans la partie de son rapport consacré à la radicalisation en Belgique, la mainmise de Riyad sur la mosquée du Cinquantenaire à Bruxelles par le biais de la Ligue islamique Mondiale.

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Cependant algériepatriotique, laisse penser à un autre enjeu moins visible. En effet, «le rapprochement de Rabat et Doha en plein conflit entre les monarchies du Golfe», écrit le journal, « laisse transparaître une mainmise française dans l'orientation marocaine vis-à-vis de la crise qui met aux prises le Qatar, d'un côté, et l'Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis, de l'autre». «Le Qatar ayant infiltré les rouages de l'Etat français au plus haut niveau depuis l'avènement du très controversé Nicolas Sarkozy au pouvoir, le Maroc, (…), se devait, dès lors, de s'aligner sur Paris dans la querelle qui oppose les richissimes monarques de la péninsule arabique», rajoute le quotidien, laissant entendre que la décision belge aurait été prise sous influence de Paris qui aurait répondu à une demande qatarie. «D'aucuns se demandent si ce changement n'est pas motivé par un accord secret entre la Belgique et le Qatar, ce qui signifierait que Bruxelles a choisi son camp dans la guerre que se livrent les pétromonarchies depuis peu et dont l'enjeu dépasse largement le cadre de la simple discorde entre familles régnantes», a rajouté le journal.

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Ce qui alimente plus les soupçons, c'est le fait que l'Exécutif des musulmans de Belgique est dirigé actuellement par Salah Echallaoui, une personnalité qui a déjà été, selon le journal belge Le Soir, du 21 mars 2016, critiqué pour ses liens avec l'ambassade du Maroc, en plus du fait que la communauté marocaine est la plus grande communauté musulmane en Belgique, rappelle algériepatriotique.

La réponse de l'Arabie saoudite à la décision belge et à l'euphorie marocaine ne s'est pas fait attendre. En effet, le royaume a préféré soutenir la candidature du Canada, des États-Unis et du Mexique à l'organisation de la Coupe du Monde 2026, et non celle du Maroc. A ceci est ajouté le doute qui plane sur le versement des subventions, d'un montant de 3 milliards de dollars, que le conseil de coopération du Golfe consent au Maroc annuellement, et qu'il n'est pas sûr que le Qatar compense cette perte, a conclu le journal.

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