L’image des Casques blancs, que les médias mainstream présentent comme une équipe de volontaires qui aurait sauvé des milliers de civils sous les bombes en Syrie, n’est pas si positive aux yeux des chercheurs indépendants qui travaillent sur place. Il s’agit plutôt d’«une structure de propagande» anti-Assad qui collaborerait avec des terroristes, a déclaré à Sputnik Vanessa Beeley, journaliste indépendante.
«Celui qui passe quelques heures à Alep Est peut recueillir un grand nombre de témoignages concernant des abus perpétrés ou soutenus par les Casques blancs, y compris l'utilisation de boucliers humains. Ce groupe suit toujours Al-Qaïda* et Daech* dans le pays», a indiqué Vanessa Beeley.
Collaboration avec les terroristes
Mme Beeley et d'autres chercheurs indépendants ont documenté de nombreux cas de coopération étroite entre les Casques blancs et des groupes extrémistes tels que le Front Al-Nosra* et Harakat Nour al-Din al-Zenki, à Alep-Est et ailleurs.
En décembre 2016, les volontaires du Croissant-rouge arabe syrien (SARC) et les civils contactés par Mme Beeley ont dit n’avait jamais vu les Casques blancs à Alep Est.
«Le seul groupe de défense civile dont ils ont entendu parler était "La Défense civile du Front al-Nosra*". Certains ont affirmé que ce groupe avait détroussé des morts», a précisé Vanessa Beeley.
Selon elle, les Casques blancs s’installent souvent dans les même locaux que les terroristes et leurs apportent un soutien logistique en surveillant notamment les itinéraires empruntés par les avions russes et syriens.
Un film réalisé par Pierre Le Corf, un volontaire humanitaire français qui vit à Alep, démontre que les extrémistes armés et les Casques blancs sont alliés. La vidéo a été filmée dans le centre principal des Casques blancs situé dans l’est d’Alep, après qu’ils ont quitté ces locaux en décembre 2016 dans des bus évacuant également des hommes armés du Front al-Nosra*.
Dans ce film, Pierre Le Corf examine une ancienne école qui a servi de quartier général à la fois au Front al-Nosra* et aux Casques blancs. Le bâtiment a abrité un camp d’entraînement, un tribunal de la charia, une prison, des salles d’exécution et des dépôts de munitions. Le secteur occupé par les Casque blancs était orné de graffitis et de drapeaux démontrant leur fidélité à plusieurs groupes terroristes.
Pas si civils
Les liens étroits des Casques blancs avec des organisations extrémistes ne sont pas surprenants si on se souvient qu’ils opèrent uniquement dans les régions syriennes occupées par les terroristes.
Sur une vidéo filmée pendant l’attaque du Front al-Nosra* contre Idlib en mars 2015, on voit un Casque blanc battre un civil avant de rejoindre des hommes armés du Front al-Nosra. Une autre vidéo montre un Casque blanc célébrant la «victoire» avec le Front al-Nosra sur la place centrale d’Idlib.
En plus, des vidéos et photos montrent que des Casques blancs sont présents sur place lors d’exécutions pratiquées par les djihadistes. Ces images ont été mises en ligne par des membres de Casques blancs sur les réseaux sociaux.
Soins médicaux sélectifs et douteux
Quant aux soins médicaux, les Casques blancs les prodiguent avant tout aux radicaux blessés et non aux civils, d’après de nombreux témoignages recueillis par Mme Beeley en Syrie.
L’examen des vidéos filmées par les Casques blancs pendant leurs missions dites humanitaires en Syrie soulève des questions concernant leurs véritables objectifs.
«En visionnant une vidéo, j'ai pensé que les mesures infligées aux enfants, certains d'entre eux sans vie, étaient bizarres, non médicales, non salvatrices, et même contre-productives s’il s’agissait de leur sauver la vie», a notamment affirmé Leif Elinder, pédiatre suédois.
Selon Mme Beeley, les Casques blancs, qui affirment avoir sauvé au moins 90.000 vies, n’ont jamais présenté de documents qui l’attestent, ni précisé les noms des personnes sauvées. Il va de même pour les gouvernements occidentaux qui soutiennent cette organisation.
D’autres groupes internationaux d’aide ont trouvé que les opérations de sauvetage des Casques blancs présentaient des défauts majeurs.
Or les médias mainstream occidentaux ne cessent de louer cette organisation. D’après Vanessa Beeley, cela montre que la vraie mission des Casques blancs est différente.
«Les Casques blancs ont joué un rôle important dans la campagne de propagande anti-Assad, fournissant des "preuves" d’attaques chimiques ou d’autres violences présumées commises par les forces gouvernementales, qui ont été utilisées comme prétexte à une intervention militaire. Plus tard, il s’avère souvent que ces attaques ont été soit des mises en scène, soit organisées par les forces d’opposition», a noté la journaliste.
Origines sombres
Les Casques blancs ont été créés en mars 2013 en Turquie et non en Syrie par des civils touchés par les hostilités. Cela a attiré l’attention de Vanessa Beeley, d’après elle, tout comme l’identité du fondateur de cette organisation. James Le Mesurier est un ancien officier des services secrets et ancien conseiller auprès de la société militaire privée Olive Group (2005-2008) qui a plus tard fusionné avec la société américaine privée Academi, ex-Blackwater.
Toutefois, le site officiel des Casques blancs ne dit pas un mot sur son fondateur, bien que M.Le Mesurier ait déclaré lui-même en 2014, dans une interview pour Men’s Journal, qu’il avait fondé les Casques blancs alors qu’il se trouvait en vacances à Istanbul.
«Compte tenu de son background, je refuse de croire que sa présence en Turquie a été fortuite ou que la création des Casques blancs a été spontanée. Cela s’est passé alors que la donne changeait en faveur d’Assad en Syrie et que les pressions internationales contre le Président étaient en train de s’essouffler», note Mme Beeley.
D’après M.Le Mesurier, il a rapidement recueilli 300.000 dollars au Royaume-Uni et aux États-Unis.
«Les Casques blancs fournissent des images d’un "désastre humanitaire" et de "crimes de guerre" aux pays qui les financent, aux hommes politiques et médias comptant sur l’établissement d’une zone d’exclusion aérienne en Syrie. L’histoire récente nous apprend que la création d'une telle zone risque de transformer la Syrie en un État en faillite comme en Libye. Il ne faut pas leur permettre de se présenter comme une organisation humanitaire», a conclu Vanessa Beeley.
Sputnik s’est adressé aux Casques blancs pour obtenir leur commentaire concernant ces révélations, mais n’a jamais eu de réponse.
* Organisation terroriste interdite en Russie