«Franchement, on n'attend rien du tout», tranche Halima du collectif «Mayotte en Mouvement», qui appelle au micro de Sputnik France, à continuer les manifestations.
«Elle vient calmer les gens, mais comment peuvent-ils se calmer quand tant de choses se passent tous les jours?», s'interroge-t-elle. «Il n'y a pas loin de 8.000 personnes place de la République, elle est allée se fondre pour écouter les gens, mais ça ne suffit pas. Il faut des réponses concrètes.»
Car l'insécurité, c'est le motif majeur des manifestations qui secouent ce 101e département français, situé dans l'océan l'indien, à quelque 70 km des Comores. «Dans chaque village de Mayotte, il y a des villages informels, en périphéries, ce sont des bidonvilles. Et qui sont les responsables? Ce sont les élus, car ils sont responsables de l'urbanisme dans leurs communes», détaille Halima. Une situation qui crée un climat de «guerre sociale», car «les gens survivent sur place donc le vol et le racket sont systématiques».
«Beaucoup de personnes sont d'avis qu'ils vont se créer des milices. Ça sera de la responsabilité de l'État […] Un jour la détente va sauter, tellement les gens en ont ras-le-bol d'être agressés.»
«Pourquoi fait-on déplacer des hauts fonctionnaires ici, des gens qui ne sont pas capables de mettre en route des projets, alors que ce n'est pas la manière grise qui manque sur le territoire national? […] On ne peut pas nous dire qu'après 50 ans de département, il n'y a pas d'ingénierie.»
La question de l'immigration et de la maternité sont également au cœur des débats. Le gouvernement a indiqué qu'il réfléchissait à «un statut extra-territorial» pour cette maternité, afin que les naissances très nombreuses n'y «permettent pas obligatoirement d'obtenir la nationalité française». Depuis 1995, les Comoriens doivent détenir un visa d'entrée pour se rendre dans le département français de Mayotte. Beaucoup tentent alors la traversée, de façon illégale: celles-ci auraient causé entre 7.000 et 10.000 décès depuis 1995", selon un rapport du Sénat français de 2012.
«Aujourd'hui, le problème est là: on ne peut plus faire miroiter à nos voisins qu'ils peuvent venir pour avoir une nationalité ou stationner pour avoir une régulation administrative, alors même qu'à Mayotte le système social est foutu.»
Selon ses services, Mme Girardin entend proposer «à l'ensemble de ses interlocuteurs une méthode, un calendrier et les principaux axes d'un travail de fond indispensable pour l'avenir de Mayotte». Benjamin Griveaux, porte-parole du gouvernement, a estimé qu'il fallait «mettre autour de la table les élus locaux, les socioprofessionnels, le monde économique, l'administration» et «repartir de zéro» pour tenter de répondre aux difficultés de l'île.
«Les Mahorais ne demandent plus de discussion! Il y a eu plein de projets concernant Mayotte… il y a eu les États généraux, François Hollande… Et on veut encore discuter? Mais pour quoi faire?», estime, désabusée, Halima.