Pour Alexandre Vautravers, responsable d'une Maîtrise d'Études avancées «Sécurité globale» à l'université de Genève, il s'agit avant tout d'une question d'équilibre des forces au Moyen-Orient car «le gouvernement américain ne souhaite pas qu'un pays comme l'Égypte dispose d'une telle technologie.» En effet, le point d'achoppement n'est pas le Rafale lui-même, dont les composants sont essentiellement français, mais bien sur le missile SCALP.
«C'est un missile de croisière qui a une portée de plusieurs centaines de kilomètres. Il ne faut pas grand-chose pour armer et équiper le missile de croisière d'une ogive non conventionnelle, donc une arme de destruction massive» explique Alexandre Vautravers.
Pourtant, ces différentes législations ont été adaptées et sont toujours en vigueur. Désormais, elles ciblent les «pays qui pourraient se trouver éventuellement en situation de partager ces technologies ou de les transférer plus loin: vers des pays qui seraient problématiques sur le plan des droits de l'homme, sur le plan stratégique, mais également sur le plan des zones de conflit.» En outre, le missile SCALP, assemblé dans une usine du Loir-et-Cher dans le centre de la France, pose un autre problème de taille comme le déclare l'expert.
«Ce type de missile serait tout à fait problématique dans toute la région du Moyen-Orient s'il venait à être utilisé par exemple contre les intérêts, pourquoi pas israéliens, pourquoi pas engagés en Libye. C'est une arme qui a véritablement un potentiel de changer la balance ou l'équilibre des forces au Moyen-Orient.»
«Bien sûr, l'industrie française aurait certainement souhaité avoir un produit 100% français, mais il faut bien entendu considérer le coût de développement de chaque pièce, de chaque partie d'un système de missile de croisière aussi complexe que le SCALP, avec potentiellement une situation où personne ne serait en mesure d'acquérir à l'exportation cette arme.»
Et de conclure,
«Donc le missile SCALP a été réalisé en fait en grande collaboration avec d'autres États européens, en particulier la Grande-Bretagne, de manière à ce que les Tornado britanniques ou d'autres appareils puissent mettre en action ce type de missile et puissent se porter acquéreur de ce missile SCALP, qu'il s'agisse de la Grande-Bretagne, de l'Allemagne ou d'autres pays, il y a quand même des participations ou des coopérations.»